Qui nage encore dans les vagues des blés ?
Dans ces champs, trop loin des hommes rassemblés,
Les pilleurs y tracent des chemins souvent,
Qu'accentue sans fin la tourmente du vent.
Par bourrasques se referment les portes
Sur des couloirs vides, où plus rien importe :
Oublié, le fuyant bonheur négligé
Quand l'orage nous fait peureux et figé.
Des corbeaux, juchés sur le chêne impassible,
Tiennent tout bourgeon comme comestible.
Quels jugements poussent-ils jusqu'aux cieux
Pour que l'azur se fasse sentencieux ?
Il fallu que s'impose la canicule,
Qu'en toute chose la chaleur s'accumule
Pour que, intense, naisse l'odeur rare
De l'averse sur les champs, menthe et curare.
De quelle pluie se nourrit cette terre
Qui étouffe l'olivier qu'elle enserre ?
Déjà, je vois au lointain des éclairs rouges
Dévoilant un monde de danse où tout bouge,
Ainsi, Jupiter brame dans les campagnes
Brisant les rochets, défiant les montagnes,
Car il sait que quand l'orage finira,
Irrésistible, Erell triomphera.