Jusqu’au 30 avril prochain, le graphiste Michal Batory expose ses créations au Musée des Arts Décoratifs. L’occasion de découvrir une sélection d’une centaine d’affiches, caractéristique du travail de ce designer œuvrant principalement dans le domaine culturel (théâtre, danse, littérature, musique…). L’occasion, aussi, de pénétrer son univers poétique, teinté de surréalisme, faisant la part belle aux photomontages, à l’émotion et à l’étonnement. Tour d’horizon de quelques projets, racontés par leur auteur.
“Quand vient la nuit”, Théâtre national de Chaillot, affiche, 2005:
“La pièce de théâtre, Quand vient la nuit, met en scène un conflit entre un père et sa fille qui veut comprendre pourquoi elle a été abandonnée. Elle le revoit une nuit, après des années d’absence, pour soulever les problèmes et des tabous. La pièce se termine dans une lutte où la vaisselle vole en éclat. A travers cette tasse cassée qui dessine un profil, il y a l’idée d’une image: comme un patchwork d’un père qui n’existera jamais.”
Cahier de croquis: “Falstafe”, Théâtre national de Chaillot, croquis et affiche, 2008:
“Pour trouver l’idée d’une affiche, je dois d’abord recueillir le maximum d’informations sur le sujet que j’ai à traiter: je lis, je rencontre les metteurs en scène, les chorégraphes. Après ce travail de documentation, je réalise dix à quinze croquis, ce qui me permet d’éliminer les mauvaises idées. En faisant des croquis on gagne des jours de travail car dans les croquis on peut donner libre cours à l’imagination. Ensuite je choisis une, deux ou trois bonnes pistes et je commence à les réaliser. à ce moment là, une nouvelle question se pose: comment réaliser cette idée? Par le biais de la peinture, de la photographie, ou de l’un et l’autre?”
Exposition “Le monde du chocolat”, Forum des Halles, affiche, 2007:
“Pour l’exposition Le monde du chocolat qui présentait des produits venant du monde entier, j’ai peint une planisphère avec du chocolat. Ce geste manuel évoquait également la manière artisanale de fabriquer le chocolat jadis.”
Exposition “Nature vive”, Jardin des Plantes, Museum national d’histoire naturelle, affiche, 2000/2001:
“Nature vive, exposition qui étudiait l’histoire des relations entre l’homme et la nature a donné naissance à une photographie d’une racine dont la forme rappelle un danseur qui court. Elle a été photographiée telle quelle et mise en page comme une image définitive sans être trafiquée. Et ça s’est terminé en 4 x 3 m.”
“Piano – Folies”, Enghien-les-Bains, affiche, 2006:
“Cette affiche, qui a reçu de nombreux prix, a été commandée par la Mairie d’Enghien-les-Bains pour communiquer sur un festival de piano. C’est une image assez universelle, générale pour montrer que la musique est un vrai mélange entre des cultures, mais aussi des styles. Elle symbolise la racine de toutes les musiques actuelles.”
Saison musicale, IRCAM – Centre Pompidou, affiche, 1997/1998:
“Dans cette affiche de la saison musicale 1997-1998, de l’Ircam, comme dans toutes les autres que j’ai faites pour eux, le jeu était d’assembler un objet banal du quotidien, ici un coton tige, avec un objet lié à la musique, ici un diapason qui sert à accorder les instruments de musique. Cet amalgame était intéressant et permettait de montrer que la musique contemporaine est difficilement accessible à la plupart des gens. Cette affiche est une manière de dire: accordez-vous et ouvrez vos oreilles.”
“Vestis”, Théâtre national de Chaillot, affiche, 2008:
“En 2005, Raphaelle Delaunay, qui a été pendant six ans la vedette de Pina Bausch a créé son propre spectacle, Vestis. Celui-ci a été pensé comme une répétition, il y avait une couturière sur scène qui lui confectionnait son costume en même temps qu’elle dansait.”
Les citations présentées ci-dessus sont issues du site des Arts Décoratifs (lesartsdecoratifs.fr), sur lequel vous trouverez également d’autres affiches et créations graphiques de Michal Batory.
Michal Batory est né à Lodz, en Pologne, en 1959. Il étudie à l’école des Beaux-Arts de Lodz, où il suit une formation en design graphique et où il obtient un diplôme avec une spécialisation en affiche. En 1987, il obtient une bourse et vient s’installer à Paris où il travaille dans une agence pendant quelques années. En 1994, il gagne un concours pour une exposition à la Cité des Sciences et de l’Industrie et devient indépendant.