« Antigone », passage de témoin

Publié le 07 février 2011 par Sheumas

J’ai toujours aimé le théâtre, notamment parce qu’il permet de dire, d’articuler, d’échanger des beaux textes dans le cadre clos de l’espace scénique qui est aussi l’enceinte du public. Parler sur la scène, c’est comme parler au creux de l’oreille du spectateur.

   L’un des premiers grands textes que j’ai eu l’occasion de savourer en qualité d’acteur et de membre de troupe, ce fut la pièce d’Anouilh, « Antigone »... Lorsque je débutais mon enseignement à l’université d’Aberdeen, un professeur écossais avait eu l’idée de la monter et j’avais hérité du rôle de Hémon...

   J’entendrai toute ma vie ces scènes jouées par les étudiants avec cette pointe gracieuse d’accent qui donnait une force particulière au discours. Surtout le début, lorsque tout commence, et qu’Antigone revient de « la campagne ». Elle a quitté sa chambre de princesse, elle a transgressé la loi fixée par son oncle Créon, et surtout, elle a vu, peut être pour la première fois, le soleil se lever.

« Tout est déjà rose, jaune, vert. C’est devenu une carte postale... »

   Et jeudi soir, c’était ma fille Nolwenn, qui disait ce texte avec beaucoup d’émotion et de maîtrise devant un public recuilli.

   « J’ai cru au jour la première (...) C’est beau un jardin qui ne pense pas encore aux hommes »

   L’une de mes distractions favorites à Aberdeen (où je disposais de beaucoup de temps libre), c’était justement de « croire au jour » et de partir avant l’aube en direction de la mer, équipé de mon appareil photos. Puisse-t-elle, elle aussi, avoir hérité de cette valeur.