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Tiken Jah Fakoly Lance son appel du 18 Juin

Publié le 07 février 2011 par Africahit
Fort du succès d’« African Revolution », le chanteur ivoirien va porter son reggae engagé jusque dans l’enceinte parisienne de Bercy. Une première !

Tiken Jah Fakoly Lance son appel du 18 Juin

Tiken Jah Fakoly chze lui à Bamako, au Mali. | Photo Olivier Corsan/PHOTOPQR/LE PARISIEN

R

ien ne fait peur au descendant de grand chef mandingue. Alors que beaucoup d’artistes peinent à faire le plein en concert, son reggae ­attire les foules. De quoi tenter d’achever sa tournée en apothéose, dans une salle parisienne pouvant accueillir 17 000 personnes. Un pari osé. « Ce sera l’appel du 18 juin ! se réjouit-il. C’est ­possible après trois disques d’or, une Victoire de la musique, trois Zénith... Les concerts affichent complet partout où on est allé. Beaucoup de choses vont se passer : des séminaires, des expositions et des rencontres autour de l’Afrique. »Si Tiken a su maintenir son succès, c’est qu’il ne s’est jamais laissé enfermer dans la seule case reggae. Il a chanté avec Lavilliers, adapté l’« Englishman in New York » de Sting en « Africain à Paris », et fait appel à Féfé, à Asa et à Jeanne Cherhal pour son dernier ­album. Au point de se demander si ce virage vers la chanson ne risque pas de troubler ses fans de la première heure.

« C’est encore du reggae, explique ­Tiken, mais sur ce disque, on a donné le pouvoir aux instruments traditionnels africains. Ça a mis les gens dans le doute. J’ai besoin des fans du reggae, mais aussi d’élargir mon public pour ­mener mon combat. » Et faire entendre un message qui, lui, n’a jamais changé. Depuis ses débuts, il y a vingt ans, Tiken dénonce la « Françafrique » et les dictateurs, avec une liberté de parole pas toujours appréciée. Au point qu’il a dû s’exiler au Mali depuis 2002, et est ­devenu persona non grata au Sénégal, pour avoir fustigé les dérives monarchiques du président Wade. Un prix lourd, mais qu’il assume. « La liberté n’a pas de prix, certains artistes y ont ­renoncé, à chaque fois qu’ils composent une chanson, ils ont peur de déplaire ! »

POUR SA LIBERTÉ DE PAROLE, IL A ÉTÉBANNI DE SON PAYS ET MÊME DU SÉNÉGAL

A travers ses concerts qui ressemblent parfois à des meetings politiques, Tiken voudrait changer le regard ­misérabiliste que l’Occident porte sur l’Afrique, vue à travers l’histoire de l’esclavage et de la colonisation : « Notre histoire est méconnue, constate-t-il. Nous avons pourtant eu de grands combattants ! Les gens se demandent pourquoi on se tape dessus. J’explique que l’Afrique n’est pas un continent ­extraterrestre. Nous sommes dans un processus de démocratisation. »

Le chanteur ne se contente pas de beaux discours. Il utilise les recettes de ses concerts pour financer des écoles au Mali, en Côte d’Ivoire et au Burkina Faso. « Les dirigeants africains profitent de l’ignorance de la majorité de leur ­population, et les Occidentaux, qui ont pris en otage nos matières premières, en profitent aussi. Sinon, comment un continent aussi riche pourrait-il avoir des peuples aussi pauvres ? Quand nous poserons ces questions à nos dirigeants, eux en poseront à ceux de l’Occident. » Le chemin, bien sûr, sera long, et le guerrier Tiken devra encore ferrailler sur les routes. « Le changement ne sera peut-être pas pour notre génération, admet-il. Mais le peuple africain va se réveiller. Personne ne changera les choses à notre place ! »

« African Revolution » (Barclay/Universal). En tournée actuellement. Concert à Paris (POPB) le 18 juin


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