Un pharaon momifié

Publié le 06 février 2011 par Laurelen
Akhenaton, Ramsès,Toutânkhamon, ça a plus de gueule que Moubarak, comme nom de pharaon. Sans parler de Cléopâtre, même si Oussama se verrait bien en Marc-Antoine, a défaut de réussir son rôle de César.
Des dizaines de milliers d'Egyptiens sur la place Tarhir, des millions dans tout le pays, rappellent en manifestant contre un vieux dictateur que l'Egypte est le plus grand pays arabe du monde, celui dont l'histoire est la plus riche, et se confond avec l'histoire de l'humanité.
Le pays des pharaons (des dictateurs en leur temps), des pyramides, d'une écriture, les hiéroglyphes, sur laquelle d'illustres savants se cassèrent les dents avant que Champollion ne trouve sa clef, fit briller sa culture sur le monde entier jusqu'au XIIIème. Napoléon, pas encore empereur, le visita, le pilla (un peu). Le royaume d'Égypte accède à l'indépendance en 1922, après une longue tutelle britannique.
Avant Moubarak, il y eut de grands leaders, Nasser, puis Sadate. L'ogre tant honni aujourd'hui, Hosni Moubarak, est un bien petit chef d'Etat si on le compare à ses prédécesseurs.
C'est pourtant lui aujourd'hui qui est l'objet de la colère de tout un peuple.
Et qui ne va sans doute pas résister bien longtemps à la pression de la rue. Lâché par l'armée, comme sa pâle copie tunisienne, Ben Ali, rejoint par ses ennemis d'hier, les Frères musulmans, Moubarak, à 82 ans, est fatigué, mais il tient. Seul contre tout un peuple.Un peuple nationaliste, patriote, fier de son drapeau, de ses équipes de foot et de hand, de son développement économique, un peuple qui veut prendre un nouveau départ. Et qui ne veut plus d'un tyran qui se prendrait pour Pharaon, monarque divin, qui ferait construire son tombeau par des milliers d'esclaves issus du peuple, qui mourraient à la tâche, ou bien emmurés vivants dans l'antichambre de la sépulture. Les tyrans n'aiment pas mourir seuls.

François GILLET