Ca y est ! Quoi que l’on en dise, les compteurs ont été remis à zéro. En battant l’Ecosse 34 à 21, avec 4 essais à la clé, l’équipe de France est, à nouveau, dans le droit chemin et l’impression d’ensemble laissée parait donner raison à Marc Lièvremont. Les jérémiades de la presse sur la défense n’y changeront rien. Et ce, d’autant plus que, dans un match où les intentions de jeu sont importantes, par définition, le déchet est aussi important. Ce qui compte, c’est de maîtriser le score et, idéalement, le match. Ce que les français ont très bien fait en 2ème mi-temps, un peu moins en 1ère. La question est maintenant de savoir si cette embellie peut au moins durer le temps d’un Tournoi. Tentative de projection.
La défense est meilleure qu’elle n’y parait
Encore une fois, lorsque l’on affronte une équipe qui propose beaucoup de jeu, qui crée le désordre, il est normal d’avoir un déchet plus important en quantité puisque les occasions ont été plus nombreuses. L’élément qui permet de véritablement mesurer la performance de la défense Française, c’est sa capacité à être forte sur les temps forts adverses. Si elle encaisse des essais une fois que le match est plié, c’est presque normal, c’est le signe d’un relâchement psychologique dans un contexte où les joueurs ressentaient une forte pression avant le match. On peut donc enlever les 2 derniers essais Ecossais qui ont, c’est vrai, donné l’impression que les Ecossais restaient dans le match alors que la France maîtrisait son sujet. De plus, l’essai sur le coup-franc s’explique par le nombre de remplacements déjà effectué dans le pack ( Guirado – Ducalcon – Chabal ainsi que Yachvili ) et un certain manque d’organisation à ce moment-là. Il reste l’essai de Kellock à la 19ème minute. Cet essai concrétise la main mise des Ecossais sur le ballon et parait logique au vu de leur domination. Même si on a vu des matchs où l’équipe de France était capable de dresser une barrière infranchissable, même s’il résulte d’un plaquage manqué de Servat, le problème principal à ce momnet du match n’est pas la défense. En effet, celle-ci a même permis de marquer l’essai de Maxime Médard car c’est le plaquage offensif de Trin-Duc qui amène toute l’action qui suit. Non, le problème en 1ère mi-temps n’est pas la défense mais plutôt l’incapacité de l’équipe de France à mettre la main sur le ballon.
Une première mi-temps où l’équipe de France s’accroche aux branches
Les Ecossais ont monopolisé le ballon pendant les 30 premières minutes pour un gain de seulement 7 points. C’est plutôt rassurant pour notre défense. Par contre, pourquoi avons-nous été incapables de mettre la main sur la balle et de reprendre le contrôle du match ? Ce n’est pas la faute de notre conquête qui a été excellente en 1ère mi-temps côté mêlée et correcte côté touche. Non, le vrai problème a été notre volonté de nous séparer du ballon trop vite et de le rendre, de fait, à un adversaire joueur qui a été capable de multiplier les temps de jeu.
En 1ère mi-temps, les Français ont privilégié le jeu au pied, que ce soit par des chandelles tapées par François Trinh-Duc ou Damien Traille ou des coups de pied de dégagement qui ont redonné le ballon à l’adversaire et permis de créer un désordre pas toujours à notre avantage. C’est un cercle souvent vicieux : moins on a le ballon, plus vite on s’en débarasse quand on met la main dessus, en pensant que cela va permettre de calmer le jeu. Le seul moyen de reprendre le contrôle du match aurait été de bâtir du jeu au près à partir de la conquête, histoire de fixer les mobiles Ecossais, avant de prendre des risques sur les extérieurs. Les Français se sont laissés aspirer par le jeu dynamique de leurs adversaires. Heureusement pour nous, la culture de certains clubs comme Toulouse, n’en déplaise à Marc Lièvremont, fait que les joueurs Français sont plutôt à l’aise dans le désordre, à l’exemple du 1er essai Français, où une ligne de 3/4 improvisée avec Thierry Dusautoir comme ouvreur a envoyé Maxime Médard derrière la ligne.
Damien Traille a été un des seuls, par intermittence, à conserver le ballon et à le remonter après des récupérations sur les coups de pied Ecossais. Ensuite, lorsque les Ecossais ont baissé d’intensité après 30 minutes très offensives mais peu productives, les Français ont plus eu de capacités à structurer leur jeu autour d’un ballon enfin de retour. C’est ce qui a permis d’amener l’essai de pénalité sur mêlée et de faire progressivement basculer la rencontre.
Des zones d’ombres qui vont vite être levées
Cette équipe de France en construction, au moins au niveau de sa ligne de trois-quart, va rapidement connaître son véritable potentiel en affrontant, coup sur coup, l’Irlande et l’Angleterre. Même si le pack a réussi une belle performance contre l’Ecosse, il n’en reste pas moins que nous pourrions souffrir face à des équipes où l’alignement en touche est très performant. Aligner Bonnaire et Harinordoquy ensemble parait donner de l’allant à notre alignement sauf qu’en les positionnant tous les 2 en fond, les variations sont plus réduites qu’il n’y parait. Face à des joueurs comme O’Connell, O’Callaghan et Palmer, notre 2ème ligne peut rapidement être en difficulté et la France pourrait à nouveau courir après le ballon.
Au niveau de la puissance, des joueurs comme Wallace, Hesalip, Ferris ou Leamy pour l’Irlande et Haskell pour l’Angleterre feront passer un test intéressant à notre 3ème ligne. Est-ce que la France peut se passer d’un profil puissant comme Sébastien Chabal pour démarrer les matchs, sans pour autant subir à l’impact ? Même si Nallet et Pierre sont mobiles et de bons défenseurs, il ne faudra pas que l’équipe de France subisse les impacts et soit obligée de reculer, ce qui rend toujours les choses plus compliquées.
La charnière Parra – Trinh Duc ne me parait pas complémentaire. Le match contre l’Ecosse est encore venu renforcer ce sentiment. Dans un contexte idéal, avec un important volume de jeu et beaucoup de déplacements, ces 2 joueurs peuvent pleinement s’exprimer, comme à pu le faire par intermittences François Trinh-Duc, samedi. Mais, même sur cette rencontre, leur production a manqué de poids. Ces 2 joueurs ne semblent pas peser sur la défense adverse, même si leurs initiatives sont intéressantes. Morgan Parra a tenté d’animer le jeu autour des regroupements mais il l’a fait de manière un peu isolé. Il doit s’appuyer sur une certaine complicité avec sa 3ème ligne pour déstabiliser les défenses et c’est loin d’être le cas actuellement. Les prochains matchs, notamment celui de l’Angleterre où les 2 packs devraient se neutraliser, devraient nous en dire plus sur la capacité de ces 2 joueurs à prendre le match à leur compte et à tirer l’équipe de l’avant. Je pense d’ailleurs que ce sera la clé du match de Twickenham. Ces 2 joueurs sont jeunes mais, malheureusement, ils n’ont plus de temps devant eux. La Coupe du Monde arrive très vite et si la France veut être performante, ils doivent rapidement passer un cap dans leur capacité de gestion du jeu, entre alternance et capacité à prendre le poids de la rencontre sur leurs épaules.
L’équipe de France a toujours devant elle une page planche. Comme ces 3 dernières années. Le problème, cette fois, c’est que la Coupe du Monde arrive et le temps est compté. Il ne reste déjà plus que 4 matchs pour valider le groupe de joueurs partant et les grandes lignes du jeu à la Lièvremont. Ce qui impose de montrer de belles choses en Irlande et en Angleterre avant de finaliser des choix qui devraient voir l’option puissance être laissé de côté avec la non sélection des Bastareaud, Fritz et Picamoles notamment. Mettre tous ces oeux dans un seul et même panier est toujours risqué et ce, d’autant plus, si on n’a pas la garantie que le panier tienne le choc. Au vu de la détermination de Marc Lièvremont à se passer de certains joueurs, il vaudrait donc mieux se rassurer en allant gagner du côté de Dublin…
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