Selon nos informations, Michèle Alliot-Marie et ses proches ont repris le jet privé d’Aziz Miled le 29 décembre, afin de se rendre à Tozeur, dans le grand sud tunisien, évitant ainsi de traverser des villes en révolte.
Michèle Alliot-Marie va devoir rapidement trouver une nouvelle ligne de défense. Elle l’a pourtant répété sur tous les tons, devant journalistes et députés : son « ami de longue date« , l’homme d’affaires tunisien Aziz Miled se serait contenté de lui offrir « 20 minutes de trajet » à bord de son jet privé afin de lui éviter « de faire deux heures de voiture à travers des routes de montagne« . Une simple course, donc, presque fortuite.
« Arrivant à Noël à Tunis, un ami qui allait à Tabarka, lieu final de destination, avec son avion m’a
effectivement proposé de voyager avec lui car il avait des places« , avait ainsi déclaré la ministre des Affaires étrangères lors de la séance des questions, à l’Assemblée nationale,
le 2 février. Et d’ajouter : « Il n’a, à aucun moment, mis son avion à ma disposition« .
A aucun moment ? Selon nos informations, Michèle Alliot-Marie, ses parents et son époux, Patrick Ollier, le ministre des
Relations avec le Parlement, ne se sont pas contentés de passer des « vacances bien méritées » dans l’hôtel cinq étoiles de leur « ami« , sur la côte
méditerranéenne, alors que le reste du pays était en plein soulèvement.
Ils ont repris son jet privé le 29 décembre, afin de se rendre à Tozeur, dans le grand sud tunisien.
Un aller et retour, effectué dans la journée, le temps d’un déjeuner et d’une virée dans les oasis. Une agence locale, Nomade, a été chargée d’organiser la visite.
« TS-IBT »
Au moins, la ministre a-t-elle pu éviter ainsi un voyage encore plus long et plus éprouvant, au moins une dizaine d’heures
par la route, à travers cette fois, non plus des montagnes, mais des villes en révolte, comme Sidi Bouzid ou Kasserine.
L’appareil, un Challenger 600 de 9 places, appartient à la compagnie aérienne Nouvelair, qui a dû fusionner en 2008 avec la
firme Kathago Airlines de Belhassen Trabelsi, le frère de Leïla Ben Ali, l’épouse de l’ancien
dictateur tunisien. Jusqu’à sa fuite au Canada, Belhassen Trabelsi exerçait les fonctions de PDG à la tête de la société. C’est pour cette raison que l’avion emprunté par Michèle
Alliot-Marie et ses proches, était immatriculé « TS-IBT ». TS, pour Tunisie et BT, pour Belhassen Trabelsi. Un homme qui savait être généreux avec les dignitaires de la République française.
Le 24 décembre 2009, le secrétaire d’Etat à la Coopération, Alain Joyandet, avait ainsi débarqué à bord d’un de ses avions privés, sans doute le même que celui utilisé par sa consoeur du gouvernement, à l’aéroport de Tunis-Carthage, pour un séjour privé au Karthago de Gammarth, l’un des palaces de celui qui était considéré comme le « parrain » du clan Trabelsi. Selon plusieurs sources tunisiennes, Belhassen Trabelsi l’attendait à l’aéroport, en compagnie de Robert Bourgi, grande figure de la Françafrique.
Christophe Boltanski pour Nouvel Obs.fr
Bien que nous confirmions nos informations, Alain Joyandet « dément être monté dans l’un des avions de Belhassen Trabelsi », « je ne connais pas ce monsieur« , ajoute-t-il, refusant de confirmer qu’il s’est rendu en Tunisie à cette période.
Merci à : Section du Parti socialiste de l'île de ré