La Première secrétaire du PS exposera sa "vision" de l'avenir de l'Afrique ce samedi à Dakar devant le Forum social mondial.
La numéro un du PS Martine Aubry part samedi 5 février pour une visite de cinq jours à
Dakar où, devant le Forum Social Mondial, elle livrera sa "vision" de l'Afrique, qui se veut en rupture avec le discours controversé tenu par Nicolas Sarkozy dans cette ville
en 2007.
Elle souhaite ainsi "sortir du propos compassionnel habituel", "montrer l'Afrique qui réussit": même si
officiellement, il n'est pas question d'un nouveau "discours de Dakar".
La dirigeante du principal parti d'opposition semble vouloir prendre le contrepied du président français. "A travers ce voyage, elle veut rompre avec cet inconscient post-colonial français qui a conduit à des discours malheureux comme celui de Dakar", explique le secrétaire socialiste à l'International Jean-Christophe Cambadélis.
Un "discours calamiteux"
En juillet 2007, Nicolas Sarkozy, pour son premier voyage de chef d'Etat en Afrique, avait déploré dans la capitale sénégalaise que "l'homme africain" ne soit "pas assez entré dans l'Histoire". "Ce discours calamiteux a fait beaucoup de mal" à la relation franco-africaine, estime Pouria Amirshahi, membre de la délégation socialiste, selon qui Martine Aubry devrait affirmer "la rupture avec la Françafrique" et "proposer les bases d'une nouvelle relation historique et de développement commun".
En outre, la Première secrétaire, qui a voyagé à plusieurs reprises à titre personnel au Mali ou au Burkina
Faso, "aime et connaît bien l'Afrique", souligne son entourage.
Au moment où deux révolutions, en Tunisie et en Egypte, secouent le
continent africain, son intervention "permettra aussi de montrer que les socialistes ne se situent que d'un seul côté, la démocratie, et ne sont pas dans l'ambiguïté". Au plus fort de la crise
en Côte d'Ivoire, certains caciques du PS, par leur soutien au président sortant Laurent Gbagbo, ont quelque peu brouillé l'image du parti, qui a pourtant officiellement reconnu la victoire
d'Alassane Ouattara au lendemain de l'élection.
"Rompre avec la diplomatie zapping"
Ce long séjour dans la capitale sénégalaise, au programme chargé, est enfin une manière pour la patronne des socialistes de "rompre avec la diplomatie zapping" du chef de l'Etat français, selon la formule du porte-parole du PS Benoît Hamon.
Dimanche, Martine Aubry participera à la traditionnelle marche d'ouverture du Forum social mondial devant
lequel elle prononcera son discours mercredi prochain.
Elle visitera des entreprises dakaroises et aura des entretiens avec des responsables politiques, au
premier rang desquels les "camarades" du PS sénégalais d'Ousmane Tanor Dieng. Une rencontre avec le président Abdoulaye Wade, qui briguera en 2012 un troisième mandat au grand
dam de l'opposition socialiste, pourrait avoir lieu jeudi, dernier jour de sa visite.
Le voyage à Dakar de Martine Aubry intervient après celui de Nicolas Sarkozy en 2007, et
de Ségolène Royal en 2009. Cette dernière, née dans cette ville, avait demandé "pardon" aux Africains pour le discours du président français
"Dans le pré-carré africain de la France, le Sénégal conserve son aura de pays
démocratique, il a un poids symbolique important", analyse le journaliste écrivain Antoine Glaser, spécialiste des relations franco-africaines. "Par ailleurs, il y a deux pays
importants en Afrique en matière de diplomatie électorale française, le Mali et le Sénégal", souligne-t-il, se référant aux fortes communautés originaires de ces deux pays en France.
"On ne peut pas exclure qu'elle soit candidate en 2012, et dans ce cas-là, aller en Afrique, c'est aussi se
donner une stature présidentielle", estime le politologue Gérard Grunberg.
(Nouvelobs.com)
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