On en avait presqu'autant parlé que du désir de revanche des tricolores, de ce fameux livret bleu sur lequel Marc Lièvremont a noté les "clés de jeu" du XV de France. Un livret remis aux internationaux, à charge pour eux de le potasser et d'en connaître par coeur les enseignements.
Au vu du match face à l'Ecosse, samedi au Stade de France, on formulera deux hypothèses : soit les joueurs n'ont pas révisé le chapitre consacré à la défense, soit Marc Lièvremont n'a pas encore eu le temps d'élaborer ledit chapitre.
Il fut même particulièrement inquiétant de constater que ce secteur de jeu, habituellement solide (on passera sur le naufrage de novembre dernier), a fait preuve d'une perméabilité rarement vue. D'autant qu'en face, malgré sa volonté offensive très marquée, l'équipe d'Ecosse n'a quand même pas proposé un jeu si destabilisant qu'il explique les nombreuses situations dangereuses auxquelles l'équipe de France a été confrontée et les trois essais qu'elle a encaissés.
Il faut remonter au Tournoi 2007 pour retrouver une telle statistique. Sauf que dans le même temps, le XV de France avait inscrit six essais contre quatre samedi.
Vacillante en défense, l'équipe de Marc Lièvremont n'a pas été convaincante en attaque. On concèdera qu'elle le fut davantage que lors de ses précédentes sorties. Mais, encore une fois, impatience et maladresses ont empêché les attaquants Français de concrétiser d'avantage leur domination relative.
Cette équipe donne l'impression de ne pas savoir véritablement imposer son jeu. Elle sait réagir (chaque essai écossais ayant conduit les bleus à remettre la pression sur son adversaire), elle écrase la concurrence en mêlée (avec le maintenant traditionnel essai de pénalité sanctionnant le martyr que le pack tricolore a fait subit à son homologue), mais il lui manque régularité, sérennité et cohérence.
On fera remarquer que les essais continuels auxquels procède Marc Lièvremont ne favorisent pas les automatismes. Ce constat est d'ailleurs valable pour la défense.
Derrière un pack dominateur (avec un bémol pour Julien Pierre, un peu en retrait sur ce match), les lignes arrières n'ont pas toujours su jouer juste, malgré une charnière qui a brillé, notamment François Trinh-Duc qui a fait sa meilleure prestation en bleu depuis ses débuts. Mention spéciale également à Maxime Médard, qu'on aimerait vraiment voir jouer à l'arrière plutôt qu'à l'aile.
La paire de centre formée par Maxime Mermoz et Aurélien Rougerie n'a pas convaincu. On est surtout déçu par la performance du Perpignanais, dont on attendait bien davantage. Quant à l'Auvergnat, s'il fut assez présent en attaque, il offre toujours aussi peu de garantie en défense, ce qui est quand même problématique à ce niveau.
Côté Ecossais, il est difficile de ne pas évoquer le nouveau "requin blanc" de cette équipe. Quelques décennies après le règne du fantastique troisième ligne aile John Jeffrey, c'est au tour d'un deuxième ligne, Richie Gray, de postuler pour un long bail en bleu foncé. A seulement 21 ans, le blondinet de 2 mètres a fait parler la poudre, en attaque comme en défense. Aussi mobile que dur dans le jeu, il sera sans doute rapidement la star de cette équipe et devrait connaître un avenir "léonin" s'il continue sur sa lançée.
Mais un seul homme ne fait pas une équipe. Les coéquipiers de Richie Gray ont été trop approximatifs dans la conservation du ballon et la continuité du jeu pour réellement inquiéter les Français. Malgré tout, vu les piétres performances Galloises et Irlandaises ce week-end, le XV de Chardon peut espérer décoller de l'habituelle cinquième place à laquelle ils sont habitués depuis plusieurs années.
La semaine prochaine, les tricolores se déplaceront à Dublin pour y affronter un XV d'Irlande très à la peine face à l'Italie samedi, qui voudra certainement redresser la barre devant son public. Il faudra aux bleus être beaucoup plus efficaces en défense et patients en attaque pour espérer l'emporter.
Ils ont donc une semaine pour réviser leur fameux livret, et tout particulièrement le chapitre "défense"...