On pourrait creuser longtemps dans la stupidité affligeante d’Hollywood, et encore plus lorsque celle-ci est complètement assumée. C’est même devenu le fond de commerce absolu de Will Ferrel, trublion poilu et fier de l’être du cinéma US, roi de la gaudriole et du mauvais goût. Sorte de cousin éloigné (mais pas trop) de la sensibilité à la Judd Apatow, Ferrel porte haut les couleurs du stupide et du n’importe quoi. Jusqu’à les transcender pour offrir de vraies comédies à l’humour pure et honnête. On est en territoire connu.
Avec son complice Adam McKay (réalisateur quasi attitré de film avec Will Ferrel), il pousse le bouchon encore plus loin, montant cette fois ci un film en trompe l’oeil, où le Ferrel est encore plus présent qu’à l’accoutumée. Comprenez, voir arriver Wahlberg, The Rock, Eva Mendès.. et quelques autres, on serait en droit de croire que Will se rachète une conduite, et va la jouer moins con. Hors jeu! Le voilà entraînant dans sa chute quelques acteurs sortis du cinéma d’action ou indé’, prouvant leur humour sans limites. Et loin de tomber en-dessous de son niveau habituel, ce mélange audacieux transcende ce qui aurait du être un buddy movie entre tous, un film où un duo de policiers un peu maladroits tentent de mettre sous les verrous des méchants un peu crétins. Tout en étant cela, The Other Guys (Very Bad Cops en VF, bonjour l’originalité…) devient un objet plus métaphysique, une sorte d’objet filmique absolu : l’idiotie à l’état pur. Et on n’est pas loin du dîner de cons, dans cet imbroglio policier devenant lentement une suite sans fin de crétinerie absolue.
Parfaitement réfléchi dans la forme, The Other Guys pourrait être considéré comme l’aboutissement de la collaboration Ferrel-McKay (en attendant le prochain?), qui ont su créer en plusieurs films des franchises de duo absurdes et d’histoire aux rebondissements grotesques, tout cela fermenté dans un bain scénaristique d’où émergent les vannes les saugrenues qui soient, fonctionnant alors parfaitement avec le casting. Ferrel offre de jolis rôles, et de belles surprises, à commencer par un duo The Rock-Samuel L. Jackson qui trouve là une fin rapide et tragique, au grand désarroi du spectateur. Et oui, malgré l’imbécilité apparente de l’ensemble, The Other Guys est un film structuré et plein d’actions, réservant de merveilleux moments de comique absolu.
Dans un hommage appuyé au buddy movie des 80′, l’équipe responsable de The Anchorman ou des Talladega Nights s’offre un nouveau sacre sur grand écran. Plus fort que la bêtise humaine, Ferrel ouvre en grand les portes d’un cinéma résolument condamné à une élite de geeks modernes, complètement accro à l’humour de synthèse. Nous, on apprécie fortement.
Tweet