La République du Bisounoursland est stupéfaite de vous annoncer que son animal totem est honteusement et financièrement exploité par le plus grand pays communiste du monde. Le Panda est en effet l’objet de tractations financières occultes sur un marché noir et blanc assez dodu, dont il n’est guère fait mention dans la presse internationale. Et comme c’est dimanche, il est plus que temps que cette bouleversante information parvienne à mes lecteurs !
véreux symptomatiques.
On peut, en cherchant bien, s’apercevoir que tel ou tel autre zoo aura ainsi négocié la garde, pendant une dizaine d’années, d’un couple de panda. Là où, cependant, la stupéfaction gagne, c’est lorsqu’on se rend compte que cet arrangement est monnayé : l’Empire du Milieu ne vend ni ne prête ces animaux. Non.
La Chine loue ses couples de pandas !
Oui, vous avez bien vu. La République Populaire Communiste de Chine a mis en place un système de Rent-A-Panda : pour un million de dollars américains par an — notez qu’ils n’ont pas choisi des Yuans, les fourbes — vous pouvez disposer d’un couple de Panda de faible kilométrage. Million auquel il faudra ajouter près d’un autre million pour la recherche et la conservation des pandas en Chine, plus 600.000$ dans l’éventualité où votre location produisait des petits, et tout ceci sans compter les frais de bouche et de vétérinaires pour les animaux. Je suppose qu’il doit y avoir une jolie assurance et qu’elle n’est pas cantonnée au tiers.
Autrement dit, quand, dans un zoo, vous voyez un couple de pandas mâchouiller mollement du bambou (ils ne font, globalement, que ça, ces gros mammifères coûteux), vous savez à présent que ce sont des pandas de location et que, tous, appartiennent en réalité à la Chine. La Chine a monopolisé la propriété et le droit de reproduction des pandas.
Et manifestement, l’affaire est rentable puisque des zoos participent à ce marché : l’attrait pour les animaux compensent les coûts de location. Le mieux, dans toute cette affaire, est que cette approche purement capitaliste de la part de la Chine, pourtant officiellement communiste, permet donc de répondre au désir de ce pays de conserver un patrimoine, et au désir des zoos et des touristes de voir ces animaux.
Menacés d’extinction, les pandas trouvent dans leur location un moyen efficace de survie. Comme le fait d’ailleurs remarquer avec humour Robert Hanks dans un article consacré à la question, les ursidés appliquent ainsi un véritable rebranding de leur espèce, à l’instar des grandes familles royales qui existent surtout pour l’aspect folklorique et l’attrait touristique qu’ils offrent au pays.
Et les Chinois, malgré la parenthèse communiste qui n’aura pas réussi a faire oublier des millénaires de commerce, ont vite compris tout l’intérêt qu’ils pouvaient tirer des bestioles maintenant sous copyright.
Tout ceci illustre encore une fois le principe simple qui veut que ce qui est sous propriété est bien mieux géré que ce qui appartient à tout le monde, donc à personne, que la tragédie des communs n’est évitable qu’au travers du respect de la propriété privée.
De la même façon que les huîtres, les chevaux, les éléphants d’Inde ou les taureaux ne disparaîtront pas puisqu’ils appartiennent tous à des propriétaires soucieux de leur santé et de la perpétuation de leur patrimoine, de la même façon que le Zimbabwe combattit le braconnage en distribuant la propriété des troupeaux d’éléphants aux tribus qui en eurent ensuite jalousement la garde, les pandas trouvent, en plein empire communiste où la propriété privé devrait avoir disparu, une application concrète des principes plusieurs fois centenaires.