Longtemps, je me suis couché … le dimanche soir avec angoisse à l’idée que demain ce serait lundi. Ce jour maudit a empoisonné mon enfance quand j’allais à l’école, terminée la trêve du week-end, il fallait ressortir ses cahiers après s’être assuré que les devoirs étaient faits, que les leçons étaient apprises et se préparer à répondre aux questions du maître. Le maître qui sait tout et pourtant c’est lui qui pose des questions à tout le monde, l’inverse ne serait-il pas plus logique ? Toujours est-il que mes lundis scolaires rimaient avec horreur.
Je pensais qu’entré dans la vie active mon cauchemar cesserait, funeste erreur. Disons qu’il changea d’aspect, la peur de la question à laquelle on ne sait répondre, l’interrogation écrite qui vous arrache des suées devant la page restant désespérément blanche, tout cela s’était volatilisé, remplacé par le stress et la course perpétuelle pour tenir la cadence sans qu’on sache très bien quel était l’intérêt d’aller si vite. Quand je repense à toutes ses fins d’après-midi des dimanches, gâchés par cette hantise du lendemain matin j’en hurlerais de rage et de dépit mêlés.
Aujourd’hui que je suis sorti de ce cercle infernal j’ai du mal à croire qu’il en était ainsi durant toutes ces années. Le plus fort, c’est que désormais je crois bien que le lundi est mon jour préféré ! Débarrassé des épithètes négatives dont il était affublé, il se refait une virginité qui lui redonne toute sa valeur, le lundi redevient le premier jour d’une nouvelle semaine qui débute. Il est chargé d’espoirs et d’actions à mener, celles notées dans mon agenda et celles qui viendront surprendre mon planning établi. Lundi est futur, vivement lundi !