Premier samedi de Février. Le soleil est au rendez-vous. La température repasse au-dessus des 10 degrés.
Il est 11 heure. La foule trépigne derrière une corde. Il y a là des acheteurs de truffes, avec ou sans accent, quelques femmes, beaucoup d’hommes. Ca pousse un peu déjà. Il est 11h10.. Les curieux sont priés de se mettre plus loin. De l’autre côté, alignées, triées, les mélanosporums attendent dans des petits sacs de toile scellés, sur les tables des producteurs.
On attend le coup de fusil. Et le tireur de coup de fusil attend le feu vert !
Un homme plus bas dans la rue du village termine le tri des truffes. C’est la garantie d’un achat de qualité. Ici, pas d’arnaques. C’est juré. L’homme fait son travail d’importance, avec soin. Il renifle le champignon, le tâte, il doit être ferme sinon il est mis de côté, et le perce d’une lame de canif. Chaque apport de producteur subit le même sort.
Plus haut, derrière les cordes, ca se frictionne.
« Ca y’est il va tirer ! « dit la foule ! Et Pan la détonation retentit sèchement.
La corde tombe. Certains, trop pressés, la saisissent et passent en-dessous. Les tables sont au même moment envahies. Ca cri un peu. Quelques voix d’hommes qui paradent. C’est sérieux. Premier devant son producteur, premier servi. L’intérêt : le choix ! Qu’est-ce qu’on ferait pas pour avoir le choix. Les habitués ont leur producteur favori. Le mélanosporum joue du terroir comme la vigne.
On paye en liquide. L’euro dans ces cas-là passe tout seul d’une main à l’autre à 1000 euros le kilo le calcul est vite fait. Une belle truffe dans la main, 50 g, 50 euros. On règle et on s’extirpe du magma d’acheteur.
Derrière cette barrière de tendus, les détendus jettent un œil sur les heureux qui sortent de la mélée. Un pochon en plastique dans les mains. L’objet du désir est dedans. On plonge aussi un nez ingénu pour respirer le parfum et on savoure déjà un plat imaginaire !