DEPART FATAL
De tes fines lèvres, cinq mots sortis
ont, mon univers à néant, réduit.
Leur son, par monts et vallées, a retenti
L'écho, répandant du déclin de ma vie.
Ton départ, sa colère a soufflé sans répit.
Ouragan, devant qui, toute chose se plie.
Seuls mes sentiments pour toi, qui, le temps défient
Debout demeurent, à braver l'oubli sans repli.
Les jours aux nuits enlacés, de ma tragédie,
Ont tissé la trame. Dans leurs yeux pervertis,
Comme de tristes et obscurs nuages, se lit
Ma perdition. Vint la nuit et le jour partit.
La logique se perd dans ce jour d'ironie
De mon sort. La raison ne trouve de raison
Que mon soleil soit par les tourments envahi,
Que ton amour, si cher, quitte mes horizons.
Quand le soir, mon coeur, couvre de solitude
La séparation, froide et sans mansuétude,
De sa robe, aux reflets de ses attitudes,
Vêtue, au chagrin, me livre en servitude.
La plume, alors, à la lueur de mes pensées,
Pleure les mots profondément blessés.
De leurs hésitantes voix oppressées,
Ils gémissent dans le noir des temps insensés.
Partie, ô ma bien-aimée, tu es partie.
Te pleure mon coeur et point ne t'oublie.
Heureux est celui qui ton coeur a conquis
Et qui a de tes charmes fait son acquit.
Se détachent les heures, une à une accomplies,
Du présent. Elles tombent avec leurs panoplies
De plaisirs savourés, de sévices subis,
Dans le passé à la grandeur de l'infini.
Avril, à la Nature a donné sa parure
et à mon coeur éperdu une déchirure.
Il a revêtu de son manteau de verdure
la terre et mon âme de flétrissure.
L'onde de la rivière sur son lit
coule et murmure ma mélancolie.
Altier, le lys blanc, dans la vallée fleurie,
se dresse et à ma tristesse il compatit.
Tandis que le voile, tout noir, de la nuit,
S'étale sur la ville, tôt endormie,
Mon coeur par la séparation bien meurtri,
Veille ses nuits à comprendre l'incompris. |