Pour la première fois une exposition est dédiée à Beatriz Milhazes en Suisse. Elle a été exposée à la Fondation Cartier pour la France. La Fondation Beyeler présente dans son souterrain une exposition qui rassemble quatre nouvelles peintures monumentales de l’artiste, une sélection de ses collages les plus impressionnants et un mobile. Les toiles spécialement réalisées pour cette exposition, auxquelles Beatriz Milhazes travaille depuis deux ans, déclinent le thème des quatre saisons. La technique picturale tout à fait singulière de Milhazes s’inspire de la décalcomanie. L’artiste recouvre de peinture des films plastiques transparents. Elle applique les couleurs sur la toile en retirant le film. Les films constamment réutilisés conservent ainsi des traces qui peuvent réapparaître dans la même œuvre ou dans des compositions ultérieures. Tel un palimpseste, chaque peinture témoigne de l’écoulement du temps.
Avec les quatre saisons, c’est la première fois que Milhazes décide du sujet d’une œuvre avant de se mettre à peindre. Le plus souvent en effet, elle choisit le titre une fois son travail achevé, à partir d’une liste de mots et de phrases notés au préalable, sans qu’il existe obligatoirement de lien objectif entre le titre et l’œuvre. Il n’est pas rare non plus qu’elle emprunte les titres de ses collages aux matériaux utilisés, par exemple du papier d’emballage de sucreries. Leur papier multicolore ou monochrome, à motifs, brillant ou fluorescent est également employé pour réaliser des collages.
Si la peinture constitue l’élément majeur du travail création artistique de Milhazes, elle recourt également à d’autres techniques telles que le collage ou la gravure. Parallèlement à la production de livres d’artiste, elle s’intéresse également à la création de textiles, de façades, de décors de scène et même d’espaces intérieurs comme celui de la Tate Modern de Londres. A l’Art Basel Miami Beach de 2010, la Fondation Beyeler a présenté un spectaculaire travail de revêtement de sol: toute la surface du stand était recouverte de carreaux de céramique conçus par Milhazes, qui expérimentait ainsi une nouvelle technique.
Le travail de revêtement de sol de carreaux de céramique conçus par Milhazes est désormais une œuvre pérenne, visible au sous-sol de la Fondation Beyler. Je ne peux manquer de trouver un lien de parenté entre Cette artiste brésilienne et l’asiatique Murakami, exposé récemment au Château de Versailles, dans l’opulence multicolore des fleurs, quoique l’idée créatrice ne porte pas la même signification.
La commissaire de cette exposition est Michiko Kono, conservatrice adjointe à la Fondation Beyeler.
Jusqu’au 25.4. 2011
Photos 1 et 2 courtoisie de la Fondation Beyeler.
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