-Un exemple de caméra de surveillance-
Bonjour à tous
Pour mon premier article local, je vais faire un mélange entre video de la semaine et article de compte rendu. Habitué des conseils municipaux de Remiremont depuis plus de deux ans, je n'ignorais pas que des caméras de surveillance allaient être installées au nombre de 40 dans la coquette. En réaction à cette décision, la liste d'opposition de gauche "Mieux vivre ensemble à Remiremont" et l'association de Lutte contre les Dérives Sécuritaires ont décidé d'organiser une Réunion-Débat le 4 février à 20h à la salle de conférences du centre socio-culturel de Remiremont. J'ai assisté avec environ 70 personnes à cette conférence, que je vais tenter de vous résumer.
La video de la semaine :
Dans un premier temps, une video fut projetée au public. Je n'ai malheureusement pas eu le temps de voir cette video, puisque je suis arrivé en retard (mea culpa). Heureusement, cette video, extraite de l'émission de France 3 local "La Voix est libre" du 4 octobre 2010, est présente sur le site Dailymotion. En voici le lien : http://www.dailymotion.com/video/xf2vz4_laurent-mucchielli-dans-la-voix-est_news. Pour résumer rapidement, l'invité, Laurent Mucchielli, démontre par l'évocation de diverses études que les caméras sont inefficaces en vue de la lutte contre la délinquance.
Le débat :
Dans un second temps eu lieu le débat. Il ne faut pas cacher le fait que dans le public comme sur l'estrade, la majorité des gens était opposée aux caméras. En tout et pour tout, trois personnes étaient favorables à l'installation de celles-ci, mais deux sont partis avant le débat. Il ne restait donc qu'une personne pour défendre les caméras. Tout d'abord, la LDS nous a fait une présentation de la vidéosurveillance en répondant à différentes questions : pourquoi, comment ? Selon eux, et selon les études qu'ils mettent en avant (venant pour certaines d'Angleterre, pays très "camérophile"), la vidéosurveillance ne règle pas les problèmes de délinquance. Néanmoins, malgré cette inefficacité connue, elle rassure un certain nombre de citoyen (les plus âgés et les commerçants à en croire les études statistiques). La LDS dénonce aussi le coût que cela occasionne. Pour le cas romarimontain, l'achat des caméras ne coûte pas moins de 440 000 euros au total. La LDS souligne aussi le fait que ces caméras occasionnent, et même justifie la diminution du nombre de poste de policiers et gendarmes. Ils ont également exprimé leur volonté d'une présence humaine et ont regretté l'ancienne police de proximité, que Jean Pierre Chevènement avait créée pendant qu'il était ministre de l'intérieur dans le gouvernement Jospin (1997-2002). Le recours aux caméras de surveillance sur la voix publique vient, comme nous l'a précisé la LDS, du fait que l'Etat fait la promotion de celle-ci aux collectivités, de plus en plus nombreuses à être séduites (de droite mais aussi de gauche). C'est le Comité de pilotage stratégique pour le développement de la vidéo protection, mené par Jean Louis Blanchou, qui fait cette promotion. Un conseiller municipal de Gérardmer nous a d'ailleurs signifié que deux caméras gratuites leur avaient été proposées, ce que le conseil municipal a refusé. Pour finir son intervention, la LDS a évoqué les intérêts pour le pouvoir : au niveau national, c'est la privatisation plus facile de la sécurité qui intéresserait, tandis qu'au niveau local, c'est l'électoralisme qui serait le principal intérêt.
Après cette intervention de la LDS, le débat proprement dit a pu commencer. Il a commencé avec un intervenant défavorable aux caméras, qui a notamment travaillé dans la sécurité privée (Securitas pour être précis). Il nous a précisé que si les caméras pouvaient être utiles, elles entraînaient souvent des abus (surveillance des salariés, caméras au gymnase du Thillot sans aucune autorisation...). Il nous a aussi évoqué le coût important de l'entretien des caméras, assuré par les sociétés qui associent souvent la vente des caméras à des contrats de maintenance. Quelques questions ont ensuite été posées sur l'emplacement des caméras. La situation de Remiremont fut évoquée. Certains ont parlé d'une évaluation de l'efficacité des caméras, afin de faire pression sur les élus. Ensuite, un intervenant favorable aux caméras est intervenu. Il s'agissait d'un gendarme retraité qui a expliqué qu'il était pour les caméras, notamment pour faciliter certaines enquêtes de police. En effet, selon lui, cela permettrait de raccourcir la durée de certaines enquêtes, grâce à l'utilisation des images qu'ont pu filmer les caméras installées. Il a également dit que si les gens n'avaient rien à se reprocher, ils n'avaient aucune raison d'être inquiétés par les caméras, qui sont beaucoup plus nombreuses dans d'autres pays (Royaume-Uni, Tchécoslovaquie...) ou d'autres communes (notamment au sud de la France). D'autres interventions ont souligné le fait que les caméras ne feraient que déplacer les problèmes de délinquance vers les zones non couvertes par celles-ci. Selon eux, il faudrait plus de présence policière. Certaines personnes ont également dit qu'il fallait, plutôt que de traiter la délinquance dans ses conséquences et ses manifestations, en traiter les causes économiques et sociales. Une personne évoquant cela a aussi mis en garde contre la multiplication du fichage, qui ne mènerait vers rien d'autre qu'une société "fascisante" selon lui. Un chercheur en science politique présent dans la salle nous a aussi fait un petit exposé de ses recherches sur la prévention situationnelle, facilitée par les formes urbaines qui amènent de plus à plus à construire en fonction de critères de sécurité. Il a aussi évoqué le fait qu'avec le système de vidéo protection, tout le monde devient suspect. A la fin du débat, des exemples d'action contre l'installation des caméras ont été évoqués, comme des pétitions, action citoyenne, et à plus long terme, le bulletin de vote (les élections municipales auront lieu en 2014).
Ainsi, la commune de Remiremont (environ 8100 habitants) se dote de caméras de surveillance pour faire face aux problèmes de délinquance. Cette pratique se répand de plus en plus dans les collectivités territoriales. Quel est votre avis sur la question ? Aimeriez vous être filmé ? Cela vous dérangerait-il si votre commune se dotait de tels systèmes ?
Vincent Decombe