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Les beautés de l'Espagne du nord (3)

Par Mauss

On a du mal, croyez moi les amis, à quitter Vega Sicilia comme ça, sans se retourner. On a un sentiment si profond qu'on n'a fait qu'effleurer les choses, qu'il faudrait rester des journées entières à baguenauder dans les vignes, parler avec les gens, écouter la musique du vin dans les cuves éternelles, déguster encore et encore pour se fondre dans cette pure merveille de la nature qui peut vous créer les émotions extrêmes.

Je n'ai pas assez parlé d'Alion, dont le RQP est remarquable (comme quelques autres grands d'Espagne comme Roda I ou cet Abadia di Rituerta mentionné). Je n'ai guère évoqué à quel point ici on a un souci de la préservation de la nature, de cultures bio sans revendiquer quoique ce soit, et enfin, ce sens de l'accueil sans aucune grandiloquence, cette simplcité du Maître des lieux, ce respect de l'amateur largement récompensé par la fidélité d'une clientèle autant royale que roturière.

Pour qui connaît les deux personnages, l'exemple français immédiat de Pablo Alvarès est Monsieur Aubert de Villaine à la Romanée-Conti. Voilà deux hommes sans aucune vanité et avec une juste fierté pour les accomplissements qu'ils continuent à façonner dans des terroirs qui les fascinent comme au premier jour. Grande leçon de choses et d'humanité.

Donc après un classique déjeuner qui commence vers 15h00 (nous étions les premiers) où nous pûmes comparer les mérites de l'UNICO 1996 et 1998, et finir sur un OREMUS parfaitement équilibré (sucrosité/fraîcheur), une petite marche joyeuse vers :

DOMINIO DE PINGUS de Peter Sissek.

Les travaux sont à peu près finis, le toujours fringuant Peter était là pour nous accueillir dans ses bureaux immaculés, jouxtant son labo où une bella donna lui interdit simplement l'entrée, estimant que non seulement il n'a pas les connaissances minimales requises mais qu'il est capable, le bougre, de toucher ses tubes, ses éprouvettes, ses machines coûteuses !

Pas grave ! Direction la cave où on s'étonnera toujours de voir ces cuves dont le copyright est romain et où il nous donne dans le détail son éloignement progressif du bois neuf systématique. Intéressant.

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Peter Sissek et le Professeur Taupin devant le labo

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A lire les étiquettes des dernières ouvertures, c'est assez sélectif, non ?

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Bon : ça existe probablement ailleurs, mais ces oeufs restent étonnants, non ?

 

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Ne cherchez pas une origine noble au mot Pingus : c'est trivial en diable !

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Peter nous a missionné pour lui commenter ce Pingus non filtré, 2007. Je vais le servir à l'aveugle à mes zozos au Laurent un de ces quatres.

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Un peu comme Bizeul qui se lamente à juste titre sur les disparitions de vieux cépages et de vieilles vignes où il reste un potentiel bêtement abandonné, Peter Sissek s'attache à bien payer des vignerons qui voulaient arracher leurs très vieilles vignes et il produit maintenant cette cuvée parfaitement illustrée qu'on va déguster itou. Bravo pour ce geste dans une région où tout est loin d'être rose comme dans ces deux domaines d'exception.

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On aime des producteurs passionnés comme Peter. On attend avec impatience de goûter le saint-émilion qu'il produit maintenant avec Silvio Denz, près de Fonroque, sur des vignes ayant un pourcentage magique de vieux cabernets-francs.

On n'arrive pas à s'y faire : la dégustation à quelques kilomètres de distance et en moins d'une heure entre les vins de Vega Sicilia et ceux de Pingus peut en dérouter plus d'un, tant ce sont là deux styles totalement différents. Les deux se respectent, bien sûr, mais ce qu'a réussi Peter fait penser, toutes proportions gardées, à ce qu'a réussi Thunevin avec Valandraud versus Cheval-Blanc.

Ce que je retiens surtout des Pingus qu'on a dégusté, c'est une réelle fraîcheur en fin de bouche pour un vin flirtant allègrement avec les 15°. Bravissimo Peter !

PS : dans la nouvelle revue VIGNERON (n° 2), un très bel article sur Peter ainsi que d'autres personnalités de premier ordre comme Christine Vernay et autres grands noms du vin. 

LA CRIOLLA

Par décence avec nos jeunes lecteurs, je ne vais pas énumérer tous les millésimes et crus dégustés tard le soir à la Criolla, notre adresse charnelle de Valladolid où le chef fut tout heureux de revoir notre petite troupe avide de ponctions sévères dans sa réserve personnelle d'UNICO. Je me bornerai simplement à dire que le 1964 et le 1974 étaient dans une forme éblouissante. Un seul flacon bouchonné qui fut naturellement repris et échangé sans discussion.

Les petits pois sont toujours une référence et l'agneau de lait au four est quasi une obligation. Nous étions sages, nous avons obéi au Chef.

 

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Un dédale de salles, des clients manifestement habitués, des tapas à la minute, un chef heureux !

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Une version savante et simple à la fois du petit pois.

 

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L'agneau de lait comme il doit être servi. Point.

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Notre "verticalina" du jour sur l'UNICO à la Criolla

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La vaste CRIOLLA de Valladolid


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