Sur la place du marché, forcément libre et non faussé, un homme (seul ?) devant un bulldozer : l’idéologie libérale, de marque RGPP, en France…
A brûle-pourpoint, comme ça, au fil des pensées, m’est advenue, à la suite de cet article du Monde, l’idée de tenter de caractériser sans aucun support, en totale impro, l’idéologie dominante.
Ce la donne un peu près ça, à gros traits (pour les nuances, vous repasserez plus tard, je compte sur vos commentaires pour affiner ma pensée et vous la préciser davantage)…
Il n’y aurait donc aucun salut en dehors de la sacro-sainte religion du marché libre et non faussé, de la libre concurrence, cette idéologie inexpugnable professée, véhiculée et imposée à grand train de réformes soi-disant pragmatiques et incontournables par des technocrates européens, dans notre (autrefois) beau pays, sous prétexte de meilleure santé économique… Noble préoccupation ma foi fort altruiste ! Mais quelle économie ? Cette razzia sur les biens publics et l’intérêt communs que nous observons tous n’apporte en effet que souffrance, destruction d’emplois et disparition d’entreprises, d’administrations, sans parler de délocalisations sauvages qui voient des salariés se retrouver un lendemain, qu’on dirait de cuite, devant une usine déménagée la nuit, ou informés par téléphone (comme cela s’est passé dernièrement aux états unis..) de leur licenciement immédiat. Violence totale d’une idéologie qui ne dit pas son nom, qui se couvre sous le masque de l’adaptation à la réalité, alors qu’elle est bien une idéologie, c’est à dire l’action impulsée par un dogme, qui se qualifie de moderne, alors qu’il est mû par l’émotion la plus ancestrale, voire préhistorique : la cupidité du chasseur qui vole sa proie à un autre membre du clan, sans considération pour ses liens de parenté, d’amitié, ou de proximité… même réduite à la dimension géographique.
Cela porte un nom : le libéralisme, cette « doctrine qui pose en priorité que, dans un poulailler, les poulets sont totalement libres… tout comme le renard » (Joao Mellao Neto) (ça, j’ai du le rechercher, je vous le concède, je ne me souvenais plus de l’auteur…).
Cette doctrine traverse tous les courants de pensée, tous les mouvements politiques, et s’est introduit lors de ces 20 dernières années dans tous les domaines d’activité, y compris ceux qui devraient de par leur nature y échapper : éducation, formation, énergie, eau, social, santé… j’en passe et des meilleurs (ainsi, actuellement, le passage en force de la RGPP dans le domaine de la justice, et de la sécurité publique). Cette idéologie a introduit sa froide et inhumaine logique purement technicienne, administrative et comptable (avec de grandes similitudes avec celle qu’on a pu observer dans la planification de la « solution finale ») dans les méandres les plus éloignés à priori de la nécessité de rentabilité, comme pour seul exemple dans mon milieu professionnel, l’accompagnement des personnes handicapées, physiques et psychiques. Elle contraint tous les acteurs à se plier à une logique purement marchande dans laquelle chacun et mis en concurrence de l’autre, sur le plan individuel et collectif, avec pour seuls critères d’évaluation de la performance (qui atteint jusqu’au secteur public ! Étrange paradoxe… crucifiante ambigüité…) des éléments chiffrés, comme si la bonté, la bienveillance, le souci de rendre le monde harmonieux et plus doux (dans un monde si brutal..) pour les moins favorisés d’entre nous, la ferme intention de voir respectés les droits les plus élémentaires de chacun, alors qu’ils pourraient être si facilement violés face à des personnes aussi démunies, tout cela pouvait se quantifier dans un tableau de bord de gestion avec des ratios aussi basiques que la pensée qui les a vus naître… je ne sais pas si Dieu existe, mais le diable, très certainement : c’est un comptable. Pas d’états d’âme. Seuls des chiffres viennent électriser son réseau de neurones déficient : il y manque quelque chose…
C’est ce quelque chose qu’il nous faut réinventer, nous sommes nombreux à en avoir conscience, ce plaisir d’être ensemble, ce zeste d’humanité dans un monde qui n’est pas que structure osseuse, mais aussi chair, sang, sentiments, émotions, pulsions, impulsions, et… oui, aussi raisonnement. Il faut de tout pour faire un monde, comme disait ma grand-mère. Et celui qu’on nous présente comme le seul possible est amputé de tant de ses parties qu’il en devient comme l’ombre de lui-même. L’univers de Mordor…
Il est urgent de contribuer, chacun à notre manière et selon nos possibilités, à l’avènement d’une autre forme de société, plus généreuse, plus soucieuse de chacun, sans laisser qui que ce soit, même les plus humbles, les plus souffrants, les plus étranges (et étrangers..), qu’ils soient jeunes ou vieux, en pleine possession de leurs moyens (ou pas) sur le bord de la route. Qui commence un peu trop, dans la société française actuelle, à voir ses bas côtés jonchés des victimes de la guerre économique qui se joue sous nos yeux, sorte d’ouragan idéologique sournois contre lequel il s’avère si difficile de lutter tant l’ennemi est invisible, tapi derrière des écrans de contrôle de flux boursiers, lové bien à l’abri derrière des fonds de pension, drapé du beau discours de la nécessité économique et des directives européennes…
Pourtant, et c’était là le sens de notre non, en 2005, une autre Europe est possible. Celle-ci se montre bien cruelle envers nos voisins, nos amis les plus démunis face à l’hydre capitaliste, qui les broie sans égards ni remords… et sans jamais penser que l’on puisse faire autrement. Pragmatisme vous dis-je !
Ce pragmatisme là, ce réalisme là, je le conspue : c’est un nouvel obscurantisme, qu’il s’agit de démasquer. Avec ou sans l’aide de médias aux ordres, qui répandent le souffre de leur pensée certes dominante, mais nauséabonde.
Nous ne voulons pas de ce monde là.