En s'en prenant aux juges, Nicolas Sarkozy met à mal la démocratie pour des raisons électoralistes.

Publié le 05 février 2011 par Leunamme

Tout le débat qu'il y a autour du meurtre de la jeune Laetitia et des propos de Nicolas Sarkozy est symptomatique des dysfonctionnements que notre pays connaît depuis 2007.

Que le chef de l'Etat veuille des sanctions contre ceux qui auraient commis une faute professionnelle aboutissant à la libération et au manque de suivi du meurtrier, rien n'est plus normal. Ce qui l'est moins, c'est que Nicolas Sarkozy dénonce les coupables avant même le résultat de l'enquête. Ce qui l'est moins, c'est qu'en tant que chef d'Etat, il n'assume pas la responsabilité de sa politique budgétaire de suppression de postes qui conduit forcément les juges et les policiers à des choix qui peuvent s'avérer tragiques. Ce qui l'est moins, c'est qu'il divise les Français entre eux, là ou sa fonction lui impose de rassembler.

Face à l'échec patent de sa politique sécuritaire, le pouvoir a choisi la fuite en avant et désigne des bouc-émissaires, les juges. De fait, ils sont une proie facile. Relativement impopulaires, supposés être massivement de gauche, ils sont forcément le maillon faible, celui qui empêcherait la politique sarkozyste de donner ses fruits. Il n'en est rien évidemment, mais en accusant les juges, la droite nous refait le coup de jouer le peuple contre ses élites. Sauf que dans le cas présent, le jeu est dangereux, puisqu'il fragilise encore plus une institution qui faute de moyens et de considération en haut lieu, l'est déjà beaucoup, et qu'il met à mal un des trois piliers fondamentaux de toute démocratie : le pouvoir judiciaire.

Comme il le fait à chaque fait divers, le chef de l'Etat espère surfer sur la vague d'indignation qui submerge le pays. Malheureusement, depuis le discours de Grenoble, la méthode ne semble plus prendre, la majorité des Français ayant clairement compris, si n'est l'impasse sécuritaire, au moins l'hypocrisie qui sous-tend la politique de rigueur budgétaire.

Nicolas Sarkozy se trompe en agissant ainsi. Il n'a plus rien à gagner en jouant le peuple contre les élites, au contraire, il contribue à renforcer les populistes de tous bords, parmi lesquels il ne compte visiblement plus. Surtout, il met à mal notre démocratie et plonge encore un peu plus ce pays dans le doute, la rancoeur et la démoralisation.

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Adeline Hazan, la maire de Reims, publie un excellent article sur son blog, sur le populisme pénal de Nicolas Sarkozy.

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