04.02.2011
Depuis Angoulême, la rumeur enfle, relayée notamment parun articlesigné Romain Brethes, publié parLe Point:Judith Forest, qui a signé un premier album de bande dessinée, «1h25», salué par Arte et les Inrocks lors de sa sortie, n'existe pas. Son récit autobiographique serait entièrement inventé et deviendrait dès lors « le premier canular de l'histoire du neuvième art». Si les impostures sont nombreuses en littérature, à l'instar de celle qui a permis à Romain Gary de vivre une seconde vie de plume sous le pseudonyme d'Émile Ajar, elles sont en effet plus rares en bande dessinée, mais pas inexistantes. Ainsi, les strips du blogueurFranticoont-ils été attribués à Lewis Trondheim sans que celui-ci n'avoue vraiment les avoir dessinés, même lorsqu'il les a publiés plus tard dans la collection « Shampooing » qu'il dirige aux éditions Delcourt.
«Momon» se présente comme uneapostille au premier livrede l'auteur et enchaîne sur la suite des aventures de Judith, au moment de la préparation matérielle de son premier livre, des premiers articles de presse et de la rencontre avec le public. Judith est alors prise de cauchemars, où ses éditeurs semblent rire d'elle et parler de ses livres comme si elle n'était pas là, répondant même à certaines interviews en son nom. Judith en vient à se poser de nombreuses questions et c'est là que ce deuxième album va beaucoup plus loin que le premier…
Car, contrairement à ce que laisserait penser le titre duPoint, l'œuvre de Judith Forest n'estpas un simple canular ou une imposture, c'est un projet éditorial sous forme de diptyque qui interrogele rapport qu'entretient tout personnage de narration à la réalité. Quand un personnage existe-t-il ? Quand un dessinateur devient-on vraiment auteur ? Quand peut-on vraiment exister en bande dessinée ? Et quand commence l'imposture ? Le mal dont souffre Judith dans ce deuxième volet est terrible : elle se demande si elle existe vraiment et si les aventures qu'elle vit n'ont pas moins d'existence que les cauchemars qui la traversent la nuit.
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