Cette fois-ci, je triche un peu car ce disque date de 2010 et pas de 2011. Mais il m'est difficile de ne pas mentionner ce groupe qui fait partie de ceux que j'ai honteusement ignoré lors de mes palmarès de fin d'année. Il y en aura d'autres. Pas qu'il aurait forcément mérité un accessit, je n'en suis pas encore là, mais ce premier album de Arlt m'a en tout cas nettement plus intrigué puis emballé que la plupart de ceux sortis depuis le début de l'année. Et puis, ça m'a aussi donné l'idée pendant une semaine de faire une spéciale "chanson française". Il n'y aura pas forcément plus de posts que d'habitude, non, mais comme c'est bientôt la période des récompenses et notamment des Victoires de la musique, je voulais juste modestement montrer, si besoin était, qu'il existe autre chose en France que ce que les radios nous inondent à longueur de journées. Des poches de résistance. Mais revenons à Arlt - quel drôle de nom ? -, un couple de parisiens : un homme et une femme. Peu d'instruments, juste des voix et des guitares sèches, nues, qui s'entrechoquent. Du folk made in France. Des mots aussi, crus, répétés par moments jusqu'à l'envi : "Son corps contre mon corps, c'était comme revoir la mer". Une inspiration quasi-médiévale (mystique?) comme sur "Je voudrais être mariée".
Tout cela pourrait paraître très austère et pourtant, pour qui veut bien faire l'effort d'y revenir, il y a ici un univers envoûtant porté par quelques choeurs féériques (elfiques?) qui ne ressemble à rien de connu. En effet, je n'ai pas spécialement de références ni d'influences à vous proposer là-dessus. J'aurais bien avancer le nom de Holden, dont l'un des membres a d'ailleurs participé à la réalisation de l'album, mais en plus rustique. "La langue" tantôt douce, tantôt râpeuse, est donc un disque unique, qui se mérite. Par les temps qui courent, ce n'est pas si courant. Une démarche exemplaire qui fait office de refuge salutaire au milieu du conformisme musical ambiant.
Arlt en "Concert à emporter" sur La Blogothèque :