Ce Jeudi 3 février, Gameinvaders a été invité à l’avant-première de Largo Winch 2. J’ai eu l’occasion de voir le film, et d’avoir une interview avec Jérôme Salle, le réalisateur et scénariste, Julien Rappeneau, lui aussi scénariste du film, et Stan Collet, le monteur.
Le scénario de ce 2ème opus, a été inspiré de deux albums de la série : « La forteresse de Makiling » et « L’Heure du tigre », qui sont deux épisodes pourtant moins tournés vers le côté économique de la série. Pourquoi avoir choisi ces deux albums qui finalement s’éloigne le plus de l’esprit de Largo ?
Jérôme Salle : Je pense qu’on craint l’économie, on voulait éviter trop de bavardage et de techniques économiques, qui passent mieux dans la bande dessinée, dans laquelle on a le droit à de longs pavés de texte, alors que c’est beaucoup plus compliqué en cinéma
Julien Rappeneau : Oui et puis il y avait des éléments de décors qui séduisaient, et dans les BDs de Largo, il est évoqué qu’il a vécu dans son passé en Asie, et comme on a voulu garder des éléments de sa vie avant son ascension à la tête du groupe [ le groupe W ], on est partis là-dessus et puis on a imaginé une fin originale, qui est quand même très éloignée de la fin originale que l’on peut voir dans « La forteresse de Makiling ». Mais à la base c’était des éléments de décors et du passé asiatique.
Alors justement pour rebondir sur le côté économique, nous avons eu et sommes encore dans une période de crise économique, est-ce que vous vous êtes dit que ça allait vous aider, ou pas ?
Jérôme Salle : Et bien quand le premier est sorti, ça nous a un peu effondrés, mais c’était juste avant sa sortie qu’il y a eu la crise économique. Le truc quand on écrit, c’est quil n’y a pas non plus une réflexion de ce qui va nous servir ou desservir, quand on écrit un scénario c’est long , c’est difficile, mais il y a une notion de plaisir, qui nous amuse qui nous intéresse, on ne se dit pas « ca ça va marcher » ou pas, on se dit plus « tiens ca c’est bien ca peut être marant ».
Julien Rappeneau : Si ca s’était intégré parfaitement à l’histoire qu’on voulait raconter, on l’aura évidemment fait parce qu’on s’est posé la question, mais en fait ca ne se greffait pas forcément bien sur le récit.
Alors, pour Largo Winch 3 peut-être ?
Jérôme Salle : Largo quoi ? ( rires…) Non mais je pense que toute la difficulté de Largo c’est ça, à la fois c’est un film d’aventure, d’action, ça c’est ce que les gens attendent, et en même temps comme c’est un héros au départ sur fond financier, c’est super dur de rester fidèle à ces deux choses. Je disais toujours qu’en fait, James Bond c’est un héros qui est issu de la Guerre Froide, et Largo Winch est issu du Capitalisme. Donc c’est difficile de garder ce côté économie du capitalisme sans être ultra chiant, on est quand même dans un film on est obligé de garder du texte là-dessus.
Julien Rappeneau : Après, on garde un lien avec des éléments d’actualités et réels, par exemple les rapports entre certains grands groupes internationaux et le régime Birman.
Alors pourquoi ce choix finalement de réduire le « bla-bla » économique ?
Jérome Salle : C’est un truc de goûts en fait, j’en avais eu un peu trop dans le premier, quand on sort un film comme ça et qu’on se trouve devant les journalistes, ils nous voient arriver comme si on avait fait quelque chose de « marketé » comme les américains qui ont un marketing effficace. Quand on fait le scénario, évidemment que c’est un film qui coûte cher et que donc on fait attention on sait qu’il va avoir un public large, mais la prod’ nous laisse faire globalement ce qu’on veut, on fait un cinéma grand public mais on est pas dans le marketing non plus, c’est un « truc » de goûts, qui nous est propre, on est pas dans une logique de « qu’est ce qu’y va marcher ou pas », on est dans « ce qui nous amuse ou pas » ça met tellement longtemps à écrire un scénario, que si tu ne prends pas de plaisir, …
J.P.: Mais après on reste quand même fidèle à l’esprit de Largo Winch, avec l’ »arnaque » que l’on retrouve dans le film, après il y a moins de « bla-bla » parce qu’elles sont moins longues et elles sont expliquées plus rapidement, mais dès le départ on savait qu’on allait quand même intégrer cette notion à un moment ou deux de l’histoire.
Et justement en restant dans la partie « marketing », est-ce que Sharon Stone n’est pas un coup marketing ?
J.S.: Non, au départ Alors pour tout vous dire, on l’a proposé à une autre actrice, qui a dit « non », et après, dès qu’est sorti le nom de « Sharon Stone », moi je n’y croyais pas une seconde. J’ai démarré le tournage, ce rôle là n’était pas casté, et voilà on a envoyé le scénar à Sharon Stone, on a entendu attendu, et puis voilà elle a dit « oui ». Après, quand Sharon Stone dit « oui » et qu’elle a envie de venir, et ben, on est content. Et même en étant pas dupe, c’est à double tranchant, à la fois ça nous sert dans la promotion, mais par rapport à certains public ça peut nous desservir, parce que ça fait trop de bruits pour un personnage secondaire.
La suite de l’interview le samedi 6 février.