Magazine Journal intime

La valse des guignols, premier mouvement : les photographes

Par Evainlondon

Afin de bien commencer nos « vacances », Prince et moi décidons de débuter la préparation logistique de notre mariage par l’aspect qui me tient le plus à cœur : le photographe.

Le maire / prêtre peut s’être trompé de prénoms (voire tourner de l’œil en apercevant son seul et premier amour -  votre grand-mère – comme dans l’étonnant film Pièce Montée), vous pouvez vous prendre les pieds dans votre robe trop longue au moment crucial où tous les regards sont braqués sur vous (l’entrée dans la mairie / l’église, la sortie de la mairie / l’église, l’arrivée au dîner, l’ouverture du bal, bref, toute la journée), le cocktail soi-disant « rustique » peut se révéler être un pique-nique à peine amélioré à base de pain semi-rassis et de terrine de foie de canard au lieu du foie gras que le traiteur vous avait promis, le dîner peut bien être inauguré par un discours de votre beau-père énumérant sans pitié les mille et un défauts de son fils, alias votre époux flambant neuf, le DJ peut bien passer en boucle « La danse des canards »… si vous avez un bon photographe, il n’y paraîtra rien. Tous ces petits accrocs seront soigneusement escamotés par le regard clément et diplomate de LA perle rare. Il ou elle saura se concentrer sur l’essentiel, et capturer :

- Votre fou rire complice à la quatrième fois que le maire / prêtre vous appelle « Camille et Julien » au lieu de « Eva in London et Prince ».

- Votre imperturbable port de reine juste avant la ou plutôt les chute(s) fatidique(s).

- La bonne humeur et l’animation qui ne manquent pas de régner lors de l’infect cocktail : votre chère grand-mère, toujours pleine de ressources, a pris la saine initiative de rapporter un foie gras / cassoulet / bœuf bourguignon dont elle a le secret, et vos petits cousins sont allés chercher des pizzas. Ainsi, avec un peu de chance, presque personne ne touchera aux écrevisses avariées – et les quelques gloutons seront facilement repérables le lendemain à leur mine blafarde.

- Le visage lumineux de votre beau-père alors qu’il déblatère sur son fils – sans les sous-titres, il en serait presque émouvant.

- Enfin (et encore une fois vous bénissez les merveilles de l’objectif), l’entrain de la foule lorsque le DJ, sous peine d’être congédié sans préavis ni indemnités, accepte de diffuser autre chose qu’une troisième « Danse des canards ».

Vous l’aurez compris, un bon photographe vous assurera des souvenirs impérissables du jour J, que ce jour s’avère être « le plus beau de votre vie » comme vous le promettent avec insistance Mariée and co, une journée sympa où vous vous êtes bien marrés (grâce au maire / prêtre) et avez bien mangé (grâce à Mamie), ou un désastre du début à la fin (cf. ci-dessus).

La valse des guignols, premier mouvement : les photographes

C’est donc avec ces attentes quelque peu démesurées que débute ma quête  – oui, MA quête : Prince demeurant placidement à son niveau habituel d’implication : ne faire obstacle au bulldozer que je suis qu’en cas d’urgence. Afin d’éviter de passer la semaine sur Internet (ce dont rêverait mon cher et tendre), j’ai déblayé le terrain et pré-sélectionné quatre photographes : valse des guignols, premier mouvement.

Photographie n°1 vit à deux heures de route de chez nous ; nous convenons de nous retrouver à mi-chemin. Jusque là, rien de bien étonnant. Les choses se corsent lorsque Photographe n°1 nous propose de nous retrouver au Casino Cafétéria du centre commercial régional, « c’est là que je donne tous mes rendez-vous clients ». Ah. Lorsque nous localisons Photographe n°1, stratégiquement placé entre une famille dont les enfants se débattent avec leurs frites et une bande d’ados chahuteurs, il sort immédiatement son book, apparemment insensible au bruit ambiant. Quelque peu assommés par une heure trente de route dans les bouchons et sous le soleil écrasant du Sud, Prince et moi mobilisons toute notre capacité de concentration sur le travail de ce monsieur.
Nous sommes tout d’abord charmés par les magnifiques portraits : éclats de rire, moments d’émotion, regards furtivement échangés, tendresse… tout y est. Tout le monde a l’air beau sur ses photos – en même temps, quelques dizaines de bonnes photos parmi les milliers qu’il a dû prendre, ça se trouve toujours. Mais au fur et à mesure que je tourne les pages, quelque chose me trouble. Me trouble de plus en plus. Oui, les gens sont beaux. Mais on ne voit qu’eux : leurs visages, leurs expressions, leurs regards… le SEUL indice qu’il s’agit de mariages, ce sont les chapeaux. On pourrait être n’importe où : le baptême du petit dernier, la fête d’anniversaire des parents, les 80 ans de la grand-mère… si nous tenons beaucoup à avoir de beaux clichés de nos proches, nous aimerions aussi que les photos montrent qu’il s’agissait bien d’un mariage – le nôtre, si possible. Verdict : recalé.

La valse des guignols, premier mouvement : les photographes

Photographe n°2 habite « à la frontière française » et demande un mois et demi de mon salaire pour « couvrir » huit heures « d’événement », et pas une minute de plus. J’ai beau A-DO-RER ce qu’il fait, Prince met le holà : recalé.

Photographe n°3 pratique fort heureusement des tarifs plus abordables, tout en habitant un peu plus près de chez nous – une petite heure de route, toujours dans les bouchons et dans la canicule. Photographe n°3 est cordial, ses photos sont jolies, il a l’air fiable… mais je ne l’imagine pas en train d’instiller cette touche de magie dont j’ai si peur qu’elle manque le jour J. Verdict : réservé.

Photographe n°4 a beau habiter loin lui aussi – que voulez-vous, Bormes-les-Mimosas ne regorge pas de photographes adoubés par la Wedding Photojournalist Association – il accepte de venir jusqu’à nous. Heureusement, parce que je me lasse déjà de jouer les routiers sans GPS. Autour d’un verre pris en terrasse – où nous savourons le soleil  bien présent, et les bouchons bien absents – il nous expose à son tour son book. Séduits par de superbes clichés en noir et blanc, des moments fugaces mais précieusement capturés, la simplicité du personnage, nous décidons de ne pas chercher plus loin : nous tenons notre homme !

Deuxième mouvement : les traiteurs. Le jeu de mots est éculé, mais par trop tentant : on va déguster.

Et vous, qu’attendez-vous d’un photographe ? Avez-vous déjà eu recours au service d’un photographe, pour un mariage ou pour un autre événement ?


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