Mirna le Chevelu

Cherchant à respecter mon corps et mon goût de vous entretenir encore, j’aimerais vous partager une légende que j’ai écrite il y a quelques années. Et, pour elle, créer une toute nouvelle catégorie. L’histoire commence ainsi…

Il était une fois un peuple vivant dans une contrée lointaine à l’écart du monde moderne. Ses habitants tissaient entre eux des liens très étroits. Et les rituels occupaient une place de choix. L’un des plus populaires soulignait l’entrée des adolescents de sexe masculin dans le monde adulte.

Ainsi, dès le début de la puberté, Pôdor, le dieu de la beauté mâle, commençait à dégarnir la tête des jeunes hommes.

Selon la tradition, celui dont le crâne se dégarnissait le plus tôt et devenait le plus luisant était proclamé champion de la contrée pour toute une année. Bien sûr, ce phénomène rendait tout père assurément fier de voir son fils inchevelu.

Pourtant, un jour, sans savoir pourquoi, vint au monde un garçon qui allait soumettre à dure épreuve les liens chaleureux des habitants. Il s’appelait Mirna.

À la puberté, contrairement à tous ses amis, il était doté d’une chevelure abondante comme les arbres de la forêt sauvage. Pas un seul signe sur sa tête d’une quelconque dissémination capillaire!

Au grand dam de son père, évidemment, qui commençait à perdre patience. À vingt ans, tous les camarades de Mirna affichaient un crâne d’une lisseté rutilante. Alors que notre jeune ami arborait une tignasse déconcertante.

Accompagné de son paternel, il consulta devins, sorciers, shamans et, même, le meilleur polisseur crânien du coin, pour tenter d’élucider cette affligeante anomalie. Le mystère demeura incompris.

Vint alors la saison des amours. Mirna craignait que son handicap fasse fuir toutes les belles prétendantes de son entourage.

Heureusement, il existe sur cette terre des femmes dont l’œil sait voir au-delà de la surface, aussi chevelue soit-elle.

Celle pour qui la beauté ne tenait pas à un cheveu s’appelait Adon. Par son amour, elle apprit à Mirna à s’accepter comme il était en l’aimant sans condition.

De leurs cœurs fleurissait un bonheur si grand, qu’à l’aube du solstice d’été naquit une petite fille. À la surprise de tous, son crâne luisait comme une bille!

Depuis lors, Pôdor inclut les têtes avec et sans cheveux, dans ses normes de beauté universelles. Et Adon devint l’ambassadrice de l’amour inconditionnel.

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