Kaputt [Merge]
Janvier 2011
Cela fait quinze ans que Dan Bejar, chevelu-poilu au tempérament relâché, mène son projet solo Destroyer. Il fait également partie des New Pornographers – qui n'en fait pas partie ? – mais voilà son neuvième album solo (tout de même). À 38 ans, son talent semble plus oscillatoire qu'en chute libre. Rockeur depuis toujours, Dan Bejar s'est finalement lâché en osant incorporer du saxophone. Ça tend du côté de la pop, ce qui rompt la linéarité de ses disques précédents. L'effet moins sautillant et plutôt lounge que procure Kaputt m'a d'abord paru peu évident ; tout semblait similaire, les textes manquaient de coffre et j'avais bien envie de rompre le rêve d'un mugissement de guitare électrique. Finalement, c'est bien funky et parfaitement zen. Les paroles aléatoires n'ont pas d'importance : franchement, les paroles, vous les écoutez ? Dan Bejar a parfois enregistré sa voix depuis le canapé, en position allongée, donc vous comprendrez bien que le style n'est pas féroce. Il n'est pas souvent sûr de ce qu'il fait, mais il est totalement d'époque. Son clip pour Kaputt arbore un geek à lunettes, un peu de mythologie et du documentaire animalier ; tout ce qu'il y a de plus in en ce moment. Profitez de Kaputt, car les artistes originaux sombrent bien souvent dans la folie.♫♪