A l'orient du monde
L'épopée des Normands de Sicile - Tome 7
Extrait : "-Tant que nous étions dans la citadelle, j'ai gardé le silence, continuait l'homme. J'y avais de nombreux ennemis et ne pouvais m'adresser à vous librement. Quand j'étais mourant, vous m'avez sauvé la vie, messire, et je vous dois aussi ma liberté.
-Pour la maladie, j'ai fait ce que je devais, pour le reste, tant que nous n'aurons pas quitté Alep, nous ne sommes pas encore sûrs de l'avoir gagnée.
Le Bédouin s'était redressé. Malgré ses habits en loque, il se dégageait de lui une singulière noblesse.
- Peu importe, que nous vivions ou que nous mourions, je veux que vous sachiez que je ne suis pas un ingrat. Je suis le cheikh Rafik messire. Ma tribu compte plus de quatre cents tentes. Ma vie et tout ce qui m'appartient sont à vous.
Il avait, en disant cela, posé la main sur sa poitrine au niveau du coeur et s'était incliné.
L'homme du Nord se présenta à son tour :
- Mon nom est Tancrède d'Anaor, cheikh Rafik, je viens de la lointaine Sicile.
- Votre dette d'honneur sera éteinte si vous m'aidez à sortir de cette ville et à gagner Antioche, répondit-il.
Le Normand avait entendu parler du futuwwa, l'esprit chevaleresque des Bédouins, fondé sur l'ird, l'honneur, des notions fort proches de celles que l'on enseignait aux chevaliers francs.
- Je vous aiderai à gagner la cité du prince Bohémond, messire. Et pour ma dette, Allahou aalam, Dieu seul le sait, conclut le Bédouin en s'allongeant sur les sacs de jute.
La nuit avait envahi Alep la blanche, seulement troublée par l'ezan, l'appel du muezzin. Rafik s'était tourné vers La Mecque, prononçant la prière de la nuit, récitant les sourates, s'inclinant puis s'agenouillant avant de s'allonger pour un bref sommeil. Dans le ciel s'étaient allumées des milliers d'étoiles."
L'avis de Dazboness : Le dernier roman de l'épopée des Normands de Sicile ? Peut-être. Ce qui est sûr et certain, c'est que Tancrède réalise enfin ici le dernier acte de la prophétie qui lui avait été faite étant enfant. Mais est-ce pour autant la fin de ses aventures ? Car après toutes ces péripéties, il est devenu un chevalier, un combattant, un homme accompli. Un personnage qui peut encore surprendre.
L'auteur nous régale une fois de plus avec son récit de l'homme qui sera roi et mendiant : son héros a bien grandi et vole de ses propres ailes, sans son maître et ami Hugues de Tarse. Il nous entraîne ici dans une histoire de pouvoir, de complots, au sein des Etats latins d'Orient.
Jérusalem est le théâtre idéal pour les descriptions des luttes entre les puissances arabes et chrétiennes entre elles et en leur sein. L'auteur profite aussi de ce cadre aussi enchanteur que dangereux pour nous faire partager les beautés de l'Orient, la menace de l'Occident.
Septième ouvrage, celui-ci n'est pourtant pas celui du repos car les personnages devront lutter âprement et faire preuve d'autant de courage que d'intelligence pour parvenir à ramener un semblant de paix. Une boucle désormais bouclée, peut être prémice d'une nouvelle épopée ?
Auteur : Viviane Moore
Editeur : 10:18
Prix : 8,20€
Nombre de pages : 358
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