L’aventurier contre tout guerrier
Deux ans après Largo Winch, le réalisateur Jérôme Salle et Tomer Sisley remettent le paquet pour une suite plus spectaculaire, plus efficace, mais tout aussi frustrante que le premier opus.
Pour sa seconde aventure cinématographique, Largo Winch (Tomer Sisley), héritier de l’empire de son père, se retrouve accusé de crime contre l’humanité et doit retrouver ses racines dans la jungle birmane. A l’évidence, Largo Winch 2 donne à boire et à manger au consommateur de films d’action et d’aventure à ingrédients. Les 25 millions d’euros de budget ne sont au moins pas passés à la trappe : dès la scène d’ouverture, le réalisateur Jérôme Salle met le paquet avec une course-poursuite automobile qui fait clairement écho dans sa structure narrative et son montage à celle du pré-générique de Quantum of Solace. La suite offrira aussi son lot de scènes impressionnantes constituant le blockbuster français probablement le plus abouti à ce jour : chute libre sidérante d’un avion, bagarres à mains nues, etc.
Plus haletant que le premier film, plus violent aussi, Largo Winch 2 demeure malgré tout l’œuvre de techniciens : c’est toute sa qualité et sa limite. Sur-découpé (une valeur de plan sur deux ne sert que l’épilepsie du montage), le film avance à un rythme de croisière soutenu, justifié par un scénario plutôt bien équilibré entre scènes d’action et d’autres plus explicatives. Mais la tentative de concilier un pur spectacle avec des prétextes alambiqués (enjeux financiers, traîtrises), bien que plus discrets que dans le premier opus, dessert l’efficacité de l’ensemble.
“Plus réussi est le méchant, meilleur sera le film” : dommage que l’adage d’Hitchcock n’ait pas servi de modèle, car précisément, ce qui manque à Largo Winch 2, c’est un vrai méchant, qui contrebalance la force du héros. Olivier Barthélémy, fadasse et scénaristiquement sous-exploité, ne convainc pas et dessert clairement la force dramatique du film. Pourtant, la distribution n’est par ailleurs pas sans qualités. Tomer Sisley s’en sort à nouveau parfaitement dans son interprétation flegmatique de Largo, tandis que Sharon Stone, loin de la James Bond girl redoutée, ne démérite pas dans un second rôle plutôt bavard. Sans oublier le regretté Laurent Terzieff, déjà affaibli lors du tournage, qui fait ici sa dernière apparition au cinéma.
Formellement propre et soigné, à l’image aussi de sa photographie extraordinairement belle pour un film français, Largo Winch 2 accumule les moyens mais souffre d’une réalisation trop tape-à-l’œil et sans intensité, accusant essentiellement de la faiblesse du scénario. Parfois divertissant mais souvent soporifique.
En salles le 16 février 2011
Crédits photos : © Wild Bunch Distribution