Qui fait les images de la place Tahrir?

Publié le 04 février 2011 par Francoisjost

J’ai eu l’occasion hier de dialoguer, chez Morandini, sur Europe 1, avec Olivier Ravanello, rédacteur en chef responsable de l’antenne d’i-télé. Je ne sais pas si cette discussion a intéressé les auditeurs, mais, personnellement, j’en ai tiré beaucoup de profit. Le journaliste a parfaitement expliqué comment les chaînes en continu, notamment la sienne, diffusaient deux types d’images en provenance de l’Egypte: les unes prises par des caméras fixes placées dans un hôtel qui surplombe la place Tahrir, les autres, prises à hauteur d’hommes, par les envoyés spéciaux.

Cet éclairage est fondamental, malheureusement, comme je le lui ai dit, la chaîne ne prend pas la peine de l’expliciter aux téléspectateurs. O. Ravanello m’a affirmé que, néanmoins, sur sa chaîne, des mentions écrites “sourçaient” les images. Or, en ce début d’après-midi, où je suis avec passion ce vendredi du départ, je reste à nouveau perplexe. Rien n’indique la source des images de la place. Etant donné le sort réservé aux journalistes occidentaux, on aimerait en savoir plus : comment sont faites ces images, alors que l’on chasse les envoyés spéciaux des hôtels? Sont-elles prises par une caméra abandonnée, comme une webcam par exemple ? Par des téléphones portables? Par une agence? par la chaîne? Par Al Jazeera ? Quand les journalistes de télé comprendront-ils que la source des images nous en apprend plus ou, au moins, tout autant, que ce qu’elles montrent? Car la communication n’est rien sans la compréhension de l’intention de communication qui la produit.

Ayant vécu les reportages de la “révolution roumaine”, il y a 20 ans, je peux dire que la nouvelle génération de reporters est bien plus consciente de l’opacité des images que son aînée, mais elle doit aussi intégrer que l’image est d’abord un document avant dêtre un simple reflet de la réalité et qu’un document n’a de sens que quand on a compris dans quel contexte il a été produit. Et que ce qu’ils savent sur ce contexte, nopus voulons nous aussi le savoir.

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