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Selon le Figaro, AFP et le Point... Le Conseil constitutionnel a censuré vendredi une disposition qui conditionnait l'octroi d'allocations aux harkis et à leurs ayants droit au fait de justifier de
la nationalité française. Pour "tenir compte des charges supportées" par les anciens harkis et leur famille, liées à leur départ d'Algérie et leur réinstallation en France, la loi française a
instauré "l'octroi d'allocations et de rentes", rappelle le Conseil dans un communiqué. Ont été posées dans la loi des conditions de résidence et de nationalité pour bénéficier de ces allocations.
Saisi d'une Question prioritaire de constitutionnalité (QPC) par le "Comité Harkis et Vérité", le Conseil constitutionnel a jugé que le critère de résidence était justifié mais pas celui de
nationalité. Il a "déclaré contraires à la Constitution celles des dispositions déférées qui imposaient un critère de nationalité", dit le communiqué. "Cette abrogation est immédiate et doit être
appliquée à toutes les instances en cours". La mesure concerne environ 15.000 personnes. Les Sages précisent que, dans cette affaire, ils ont "appliqué la même jurisprudence relative à l'égalité
devant la loi que dans ses premières décisions de QPC sur la cristallisation des pensions (QPC du 28 mai 2010) ou sur l'attribution de la carte de combattant (QPC du 23 juillet 2010)". Des
décisions qui concernaient déjà les harkis. Plusieurs dizaines de milliers de harkis, parmi les quelque 200.000 supplétifs musulmans recrutés par l'armée française pendant la guerre d'Algérie, ont
été désarmés après les accords d'Evian scellant l'indépendance du pays en 1962 et victimes de sanglantes représailles de la part des vainqueurs. Et ce n'est pas fini, les revendications, réitérées
depuis nombre d'années, par les harkis, supplétifs de l' armée française, français de souche nord-africaine ou de souche européenne, qui militent inlassablement pour que soient appliquées toutes
les mesures de réparation et de reconnaissance de leur dignité. 49 ans après, la gratitude envers les harkis ne s'est pas véritablement exprimée en termes sociaux et économiques. A l,époque de la
campagne présidentielle, le candidat Sarkozy avait déclaré "je veux reconnaitre officiellement la Responsabilité de la France dans l'abandon et le massacre des Harkis". Depuis, force est de
constater que rien n'a été fait en ce domaine. Il serait souhaitable d'ouvrir un débat avec les associations de harkis et qu'une décision soit prise pour la concrétisation de cet engagement. On ne
peut veiller au respect de la mémoire des Harkis, si l'engagement pris par le President de la République ne soit pas respecté.