Un pur DeLillo
***
Jim Finley, cinéaste, tente de convaincre Richard Elster, universitaire retraité, de lui accorder une interview sur son activité de consultant pour l’armée américaine lors de l’invasion de l’Irak. Les deux hommes se rendent dans une au milieu du désert californien. La fille d’Elster les rejoint, avant de disparaître mystérieusement, sans une trace.
L’interminable face-à-face, d’abord autour d’un projet de film qui ne verra jamais le jour, puis noyé dans le silence de l’attente d’une signe de la jeune femme, répond à la contemplation d’un cinéphile (le même ?) qui passe s’absorbe dans une projection au ralenti du Psychose d’Hitchcock, dans la salle obscure d’une exposition d’art. C’est la dilatation du temps et de l’espace qui lie ces deux récits parallèles. Le désert millénaire déprécie l’angoissante vigile du père, et l’étirement sans fin du film d’Hitchcock en nie la valeur, contenue dans le rythme du montage et le déroulement de l’intrigue.
Don DeLillo avait habitué ses lecteurs à de lourds volumes. C’est au contraire un très bref récit qu’il leur offre ici. DeLillo n’a pas abandonné pour autant de poursuivre les mêmes buts. Dans l’attente d’un dénouement, dans le refus de l’action, l’écrivain américain ne livre pas une esquisse, mais une épure.
Sébastien Banse
Point oméga, Don DeLillo, traduit de l’américain par Marianne Véron. Actes Sud, 2010, 14,50 euros, 128 p.Février 2011 – N°79