l’ombre touchait les tempes
le corps est l’
ombre d’une
mère abîmée la
bouche morte
rincée par le vide
elle ne parle plus
tu n’as pas pu
oublier les mots de la morte
une seule et unique phrase qui
cachait le monde, sais-tu
hors de toi elle
accompagnait le monde
il ne faut pas pleurer
tais-toi il ne faut pas pleurer
|•|
L’opéra de la bouche
L’histoire dans un vêtement
Comme tous les paysages
Sans parler du bleu concevable de la mémoire
Enfant une absence de lieu
Notre corps aussi
À considérer les fractures ou les choses
Ou les fleuves
Ne peut être vaincu que dans
L’espace du tableau
Notre corps d’audition
|•|
la pensée, figure du vivant, elle
dort
la bouche contre la vitre je ne vois rien
nulle scène
tue – elle n’est pas morte ni vivante
puisque je parle
tue contre la vitre du sommeil elle vit
quand ma bouche affleure
la figure affleure
où je ne vois que du blanc
morte contre la vitre du sommeil
elle vit
affleure à la bouche
la pensée dans le blanc. Je dors de l’autre
côté de la page. Où elle s’attarde,
encore, contre la vitre, elle vit.
Mathieu Bénézet, Il vient d’un enfant dans un autre livre, L’arachnoïde, 2010, pp. 58, 61 et 79.
Mathieu Bénézet dans Poezibao :
Bio-bibliographie, extrait 1, extrait 2, Mais une galaxie, extrait 3, extrait 4, extrait 5, extrait 6, lecture du Lundi des Poètes, La tête couchée de Brancusi (parution), La Terrasse de Leopardi (parution), extrait 7, Ne te confie qu’à moi, extrait 8, extrait 9, extrait 10, extrait 11, ext. 12
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