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Aussi appréciable que fût le set de Teengirl Fantasy, hier soir, je ne peux pas m’empêcher d’imaginer ce que la chose pourrait donner dans un club ou un festival, en pleine nuit, dans un climat, disons, plus euphorique que celui du Point Ephémère en début de soirée. C’est vrai que leur musique est très brumeuse et possède ce petit côté Animal Collective qui plaît tant au public « indie ». Mais elle est surtout influencée par tous les courants dancefloor de ces trente dernières années. C’est encore plus criant en live, puisque les deux étudiants américains solidifient le groove des morceaux phare de leur album 7AM à coups d’accords de synthé disco bien putes, de gros breaks hip-hop ou de voix dignes de la dance music la plus cheap des années 90.
Avec un tel traitement, leur tube "Cheaters" devient une arme de destruction massive qui fait lever tous les bras, même si c’est l’interprétation de l'un de leurs plus vieux titres, "Portofino", qui restera comme le moment le plus intense de la performance. C’est vraiment ce que le duo de l’Ohio peut offrir de meilleur, quelque chose d’à la fois très immersif et hédoniste. Le corps bouge de lui-même en réponse aux basses housey, tandis que le cerveau se perd dans les échos mélodiques des nappes. Les (rares) passages downtempo sont moins convaincants, à l’image d’un "Dancing In Slow Motion" dépouillé de son attrait principal, la voix de Shannon Funchess.
Côté spectacle, c’est évidemment assez minimaliste : deux belles tronches de geeks, sapées comme des sacs, concentrées sur leurs machines (mais sans laptop) et échangeant peu avec leur auditoire. Logan Takahashi est carrément statique, on ne voit même pas ses yeux, cachés derrière une frange un peu dégueu. Le barbu Nick Weiss a une gestuelle plus marrante, une manière assez spéciale de danser dos au public et de claquer les notes sur son clavier. Il manquera de perdre son calme en s’acharnant sur des drum pads sans en tirer un son – seule petite couille technique de la soirée.
Malgré quelques moments de flottement, leur show donne envie de prolonger la fête pendant de longues heures et de commettre des excès, ce qui est toujours bon signe. En espérant qu’un club parisien ait un jour l'idée lumineuse de les programmer pour les voir dans un contexte plus adapté.
Le site et le Myspace
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"Cheaters" en live à Mexico il y a quelques mois (en attendant une vidéo du concert parisien) :