Ea Sola veut évoquer, dans son spectacle, Air Lines, la situation des sans papiers, de celles et ceux qui quittent leur pays pour atteindre d’autres contrées, qui ne sont pas disposées à les accueillir. Si le titre évoque l’espace aérien, représenté sur le plateau par un écran où défilent les noms de pays et les drapeaux, le sol est couvert de bâches transparentes dans lesquelles une soufflerie forme des vagues. Mais le spectacle offre peu de danse. C’est plutôt un discours politique fait de symboles : drapeaux qui se disputent la place hégémonique, femmes en cheveux ou voilées, symboles qui iront sous la bâche se perdre… Et puis un personnage vêtu de noir, en pantalon, finira hors de l’espace délimité sur le plateau. Pour y revenir silencieusement s’asseoir, dos tourné au public.
Annette Messager avait réalisé en 2004 au Couvent des Cordeliers, à Paris, une installation intitulée Sous vent, dans laquelle un voile recouvrait des objets plus ou moins visibles ; ce voile était soulevé périodiquement par une soufflerie révélant ou masquant ce qui était caché, inconscient de l’artiste ou du spectateur. Je me souviens m’être assis près de ce voile et avoir attendu le vent qui me pénétrait, me soulevait.
Dans le spectacle d’Ea Sola, rien de tel. Un propos trop évident, comme une leçon écrite au tableau d’une salle de classe. Certes, il y a des images assez belles, comme les étoiles des drapeaux européen et chinois qui se confondent, mais c’est insuffisant pour me concerner intimement.
Spectacle présenté au Théâtre des Abbesses, à Paris