Théâtre de la Gaîté Montparnasse
26, rue de la Gaîté
75014 Paris
Tel : 01 43 22 16 18
Métro : Gaîté / Edgar Quinet
Ma note : 8/10
Présentation : Comédien, musicien, jongleur, acrobate, petit-fils du grand Achille, ce romano des temps modernes ne renie rien, mais ose dans cette performance spectaculaire, drôle et caustique, mettre à mal avec sincérité et humour, le « merveilleux » monde du Cirque dans lequel il a grandi à ses dépens.
Mon avis : J’avais découvert Warren Zavatta en mars 2009 au théâtre Trévise où il se produisait une fois par semaine et j’avais été séduit par l’originalité et le ton de son spectacle.
Après une tournée de 150 dates, il a choisi de planter son chapiteau fictif pour quatre mois à la Gaîté Montparnasse où je me suis empressé de retourner le voir, histoire de vérifier s’il avait su garder sa belle sincérité. Et bien, de nouveau, je me suis laissé embarquer par son tour de piste aussi drôle que sensible.
Warren Zavatta est un homme entier. Il a choisi de tourner en dérision tous les pensums et tous les sacrifices que sa condition d’enfant de la balle, de surcroît petit-fils du plus célèbre clown français de l’histoire du Cirque, lui avait imposés. Il prend un ton détaché, voire ironique, mais les blessures sont là, en filigrane, dans les non-dits. Et, parfois, le ressentiment se fait plus fort, et il balance, de façon un peu abrupte. Papy Achille lui a carrément « pourri » sa jeunesse. Et pourtant…
Pourtant, sans cet héritage gravé dans son ADN, il n’aurait jamais interprété de one man show en forme de thérapie. Rien ne sert de lutter et d’essayer d’aller contre les liens du sang. Il est né Zavatta, il a reçu la formation d’un Zavatta, il a dû apprendre toutes les disciplines circasiennes (sauf l’acrobatie parce que trop grand). Il sait donc tout faire, et il nous le prouve en s’en moquant. Il jongle avec ses souvenirs, il crache du feu comme il crache ses vérités, il se crame littéralement devant nos yeux ébahis. Il joue même du saxo. Curieusement, il est plutôt mal embouché avec la trompette, l’instrument estampillé patriarcal. Trop connoté sans doute, le « biniou » !
Non seulement on assiste à un spectacle total entrecoupé de numéros de cirque, mais on est très à l’écoute de ce qui est dit. 1 m 92 d’hypersensibilité goguenarde, ça ne laisse pas indifférent. Ce spectacle ne ressemble à aucun autre. D’une part en raison de sa facture, de son aspect hybride et, d’autre part, en raison de la personnalité de l’artiste et de son authenticité. Il nous la joue bourru et, parfois même désinvolte, alors qu’on le sent débordant de tendresse et de pudeur. Ce grand garçon est un paradoxe extrêmement attachant.
En conclusion, s’il a choisi de s’installer à la Gaîté, c’est tout un symbole car, en conformité avec l’adage, il vaut mieux en rire plutôt que d’en pleurer. Warren Zavatta a choisi la bonne attitude…