Les débats et polémiques autour de la TVA sociale, ont été réanimés par Jean-François Copé, secrétaire général de l’UMP, mardi dernier. Mais François Fillon l’a renvoyé dans les cordes. Et depuis, chacun y va de sa petite phrase, pour approuver ou pour rejeter l’idée de cette hausse de la TVA, qui permettrait de lutter contre les délocalisations. Le débat sur la TVA sociale n’arrive jamais à point nommé. En effet, à chaque fois, la discussion de fonds sur son sujet, est décidemment parasitée par des querelles politiciennes…
En 2007, Borloo puis Fillon avaient avalé maladroitement le morceau, entre les deux tours des législatives, sous l’œil goguenard des socialistes. Cette - fois ci, la querelle de succession entre Copé et Fillon attirent les regards et biaisent les réactions. Copé se laisse lui-même englué dans ses petites arrière - pensées tacticiennes, en prônant une hausse d’un petit point de la TVA. Alors que pour être efficace, il faudrait augmenter notre taux d’au moins trois points, pour ne pas dire cinq. Nous rejoindrions alors le taux de 25 % de la Suède, le plus élevé d’Europe, qui permet à ce pays de faire financer une grande partie de sa protection sociale, par la TVA. Ses entreprises ont pu ainsi réduire d’autant les charges sociales qui pesaient sur ses salaires, tout en améliorant la remarquable compétitivité de ses entreprises. La TVA n’est pas payée à l’exportation, c’est l’un de ces avantages. Elle revient donc à faire payer une partie de notre protection sociale, par les grands groupes mondialisés. Elle permettrait de ralentir enfin, le rythme mortel des délocalisations. C’est ce qu’on fait les Allemands en 2007, en augmentant de trois points de TVA. Notre heure de travail nous coûte désormais plus cher chez nous, que chez eux.
Si la TVA sociale est l’impôt parfait, il est vrai, alors pourquoi ne pas l’avoir mise en place plus tôt. Le fait est que la TVA est loin de faire l’unanimité, rencontrant de multiples oppositions. La gauche n’a jamais aimé la Taxe sur la Valeur Ajoutée, cet impôt proportionnel et non progressif, qu’elle accuse toujours de cibler les plus pauvres, à savoir jeunes, chômeurs, retraités, parce qu’ils consomment. Mais il est difficile de faire supporter le coût de notre système de protection sociale, aux seuls salariés. Et puis surtout, on ne peut cumuler économiquement à la fois les 35 heures, l’euro et la mondialisation. La vraie crainte des dirigeants français est sinon que l’on détruise le seul moteur de la croissance française, à savoir la consommation, sans toutefois que les moteurs de l’investissement et des exportations ne se mettent en marche. Il faut cependant choisir. Et puis, l’avantage de la mondialisation - d’ailleurs peut-être le seul -, est qu’à force de concurrence mondialisée sur le coût, elle réduit au maximum la hausse des prix des produits. Mais en effet, le moment est mal choisi, cette ouverture des débats s’associant à l’annonce de la remontée des prix du pétrole et des produits alimentaires. La TVA sociale risquerait ainsi, d’être accusée de relancer l’inflation, et cela à un an des élections présidentielles. Les défenseurs de cette TVA sociale n’ont décidemment pas de chance, les débats sur son sujet ne tombent jamais dans des circonstances favorables…
J. D.