Il existe des journées mondiales de lutte contre un peu tout : le sida, le diabète, les sourds, l’écologie, le refus de la misère …. Aujourd’hui 04 Février, c’est le cancer. Une journée pendant laquelle nous allons donc entendre parler de la maladie : dépêches AFP, articles dans les journaux, reportages télé…. 24 heures pendant lesquels on va parler, manger, dormir cancer, 24 heures pendant lesquels mes amis (malades) changeront leur statut sur Facebook, 24 heures pendant lesquels la santé 2.0 va twitter cancer … Mais personnellement, je m’interroge sur l’utilité de dédier cette journée à la maladie… Quels bénéfices allons-nous en tirer?
Parce que le bilan du dernier mois d’octobre, mois entièrement consacré à la lutte contre le cancer du sein, n’est, somme toute, pas très positif. A-t-il vraiment changer les mentalités? A-t-il modifié en quoi que ce soit la vie de ces femmes malades, leur bien être, leur espérance de vie? Et du côté des « bien-portants », ont-ils changé leur façon de se comporter? Leur vision de la maladie a-t-elle été modifiée? Non… malheureusement. Je crois plutôt que ce long (très long) mois pendant lequel on a parlé dépistage, mastectomie, amazone …a fini par les lasser, les ennuyer et n’a absolument pas fait changer les choses d’un iota ! Peut être qu’effectivement 30 jours contre le cancer du sein, c’est trop…. c’est 29 jours de trop….
Alors quid de ce 4 février? Une toute petite journée pour parler de dizaines de pathologies différentes qui touchent plus de 350 000 personnes par an en France et aura fait 84 millions de morts dans le monde entre 2005 et 2015 si rien ne change d’ici là (1)! Avez-vous entendu parler d’initiatives nationales qui pourraient avoir pour but de sensibiliser le grand public à ce fléau? Les associations de malades organisent-elles plus de manifestations ce jour là ( exceptée celle de l’ARC et son grand direct des chercheurs bien entendu)?
Mais en définitif, que cherche-t-on vraiment? A sensibiliser le » grand public » – ces bien-portants qui préfèrent faire l’autruche dans une ronde de « ça n’arrive qu’aux autres ». La prévention, le dépistage, la maladie, l’accompagnement… Soyons honnête, le fait de parler prévention plus que les 364 autres jours de l’année, ou de vanter le dépistage à grand renfort de pub, films, affiches (si tant est qu’il y en ait) va-il changer quoi que ce soit? … Je n’imagine pas un instant une multitude d’hommes et de femmes courant prendre rendez-vous samedi matin pour leur mammographie ou chez leur gastro-entérologue. Combien d’entre eux arrêteront de fumer, se mettront au sport, décideront de ne plus manger au Mc Do ou simplement appelleront un ami qui se bat? Je ne crois pas que ces gens encore épargnés aient envie de connaître le cancer, ses traitements, ses douleurs… Seules les personnes touchées et leurs proches seront à l’écoute…
Mais pour autant, les malades n’en tireront aucun bénéfice … si ce n’est à entendre au JT de 20h, une jolie journaliste, arborant une attitude de circonstance, leur présenter un état des lieux désespérant des statistiques, et leur expliquer ce qu’ils connaissent déjà! Si toutefois, avec un peu de chance, l’actualité internationale nous laisse l’ouverture du journal! Un reportage de quelques minutes au moment du repas familial qui va plomber l’atmosphère dans les chaumières….
Bref, petit billet de (mauvaise) humeur en forme de coup de gueule sur une journée qui, j’en ai peur, ne changera rien. Un billet pour rappeler que les malades se battent au quotidien pas seulement en ce 4 février. Et sur ce blog, je continuerai à en parler tous les jours de l’année en espérant apporter une petite goutte d’eau dans la lutte contre ce fléau mondial !
(1) La maison du cancer : cancer l’état des lieux