Mais qui est Sarah Stern ?

Publié le 23 janvier 2008 par Marc Lenot

Qui est Sarah Stern ? une actrice ? la vraie Sonia Delaunay ? une militante sioniste ? une psychiatre médiatique ? Est-elle parisienne ? Son profil est-il sur LinkedIn ? A quoi ressemble-telle ? à une facebookienne moustachue ? à une des 113 autres sur FB ? une des 7 sur Myspace ? une des 628 sur Google Image ? Savons-nous ainsi tout d’elle ? Puissance de la recherche sur Internet, frontière volontairement ténue entre vie privée et visibilité publique. Ou bien serait-elle la jeune femme de la photo ci-contre, au visage caché par cette fulgurance lumineuse, fusée ou raté au développement ?

“Sarah Stern n’existe pas” nous dit la galerie Mycroft, jusqu’au 27 Janvier seulement. Toute une pratique artistique s’est développée autour des photos trouvées (des films trouvés aussi), en recherchant au milieu de milliers de photographies anonymes, banales, ordinaires, celle qui, tout à coup, crève l’écran, pointe vers nous, nous happe, nous empêche de passer à la suivante : étrangeté soudaine, beauté inattendue, émotion explosive. Qu’est-ce qui “fait photo” ? L’Américain Rich Vogel est un des maîtres de cette approche. Emeric Glayse, qui, lui, avait travaillé sur les rebuts intimes de photographes connus, l’a accompagné en sélectionnant une douzaine de photos, exposées ici et donc attribuées à la mythique Sarah Stern.

En longeant les cimaises, devant ces photos peu sophistiquées, mais toutes légèrement dérangeantes, on se prend en effet à se demander s’il y a ici une oeuvre, un auteur, un discours. Et même sachant que ce n’est pas le cas, on cherche encore, se demandant en fait ce qui fait une photographie. Pour illustrer cette quête, je ne résiste pas au plaisir incongru de vous montrer cette photo d’un auteur inconnu, récemment repérée sur un blog voisin et ami : lui aussi chercherait-il l’artiste derrière la vérité du tableau ?

Et remercions la vraie Sarah Stern (oui, mais laquelle ?) d’avoir ainsi prêté son identité.

Photo 1 courtoisie Emeric Glayse. Photo 2 courtoisie Pierre Assouline.