Magazine Culture
Jeff Mills sera demain à la techno ce qu’est le Velvet Underground pour le rock. Par son histoire et son vécu, c’est une personne qui ne mourra jamais. Jeff Mills, c’est un culte, un personnage mythique...
Laurent Garnier
Occupé que j'étais par le rafraichissement graphique du blog, je n'ai pas posté sur la soirée organisée pour les 10 ans d'Automatik au Rex samedi dernier avec Jeff Mills...
A une époque où de nouvelles têtes apparaissent chaque semaine dans le sphère electro qu'il est bon de pouvoir se raccrocher à des artistes essentiels tel que lui (avec Carl Craig, Kevin Saunderson, Juan Atkins et Derrick May) qui depuis 20 ans marquent de leur empreinte le petit monde de la techno.
Inutile de s'appesantir sur le personnage (tout est dit ici), je ne vais évoquer que son set au Rex.
Les hostilités démarrent avec un DJ que je ne connaissais pas Angel Costa, et là je salue le programmateur du Rex car c'est loin d'être un artiste de second plan. Alors que le dancefloor est presque vide (il est à peine 11h30), Angel va littéralement faire décoller son monde par une sélection minimal et pourtant très musicale. C'est peut-être le mélange entre son pays d'origine (Espagne) et son lieu de résidence (Francfort en Allemagne) mais il alterne constamment entre une froideur minimal toute berlinoise et des envolées electro très latines! I love it!
Après cet échauffement et tandis que le Rex est maintenant blindé (littéralement blindé), Jeff Mills débarque avec sa caisse de disques. Il est ultra calme. Pro et assuré, il enchaine tout naturellement sur le dernier track d'Angel Costa avec une facilité déconcertante et cette aisance technique que des années de dee jaying ont su forger. Et le vol peut commencer...
Aux commandes, Capitaine Mills. Décollage en douceur avec des titres un peu marqués 90s mais qui passent bien quand même. Puis, les choses deviennent plus sérieuses et tandis que les membres d'équipage aident le capitaine à la navigation (le nouveau système son et le jeu de lumières du Rex sont décidément une référence), les passagers de ce vol de la Air Mills n'en croient pas leurs oreilles. C'est du bon, de bout en bout! Pas la peine de violenter les tympans de l'audience, le capitaine Mills s'y connait. Il est d'une douceur incomparable avec les manettes de son appareil. Et au loin dans la nuit résonne alors ce titre magique, par le fondateur d'Underground Resistance, Knight of the jaguar ...
C'est sa nuit, il est un jaguar, vive Jeff Mills.