IKIGAMI, PRÉAVIS DE MORT - TOMES 1 À 5
C'est ça qui est un peu rageant avec ces séries, c'est que ça devient vraiment intéressant, prenant, pile poil au dernier tome en notre possession et quand on n'a pas la suite (évidemment, sinon ce ne serait pas drôle...).
Au tome 5, on commence à voir l'intrigue se dénouer réellement avec ces histoires d'éléments subversifs et dégénérés qui osent remettre en question l'Ikagami... et on a peur pour le personnage principal qu'on suit avec de plus en plus d'intérêt au fil des tomes.
Le pitch : "Que feriez-vous s’il vous restait 24 heures à vivre ? Pour rappeler à tous la valeur de l’existence, une loi a instauré l’Ikigami, une sorte de préavis de mort qui ne laisse qu’une journée de répit à celui qui le reçoit…"
C'est Fujimoto, un jeune fonctionnaire, qui est chargé de délivrer l'Ikigami aux personnes désignées (une sur mille, et au hasard), des jeunes entre 18 ans et 24 ans. Ce livreur de préavis de mort se pose petit à petit des questions sur son métier et le système au fil des tomes.
Chaque tome présente deux exemples de jeunes condamnés par l'Ikigami, des jeunes très différents les uns des autres, issus de milieux sociaux divers, aux aspirations variées, leur véritable point commun étant que le choc est rude quand ils reçoivent l'Ikigami. Chaque histoire développe alors la réaction et le comportement de ces jeunes et de leur entourage pendant les 24 heures qu'il leur reste, en fonction de leur vécu et expériences, et des décisions qu'ils doivent prendre pour quitter plus ou moins sereinement ce monde - car oui, l'auteur, Motoro Mase, est sans concession, on a beau vouloir croire que peut-être, à la dernière minute... mais non...
C'est très très particulier comme expérience de lecture, il y a quelque chose de glauque, sombre, et de léger à la fois dans ces récits, un sentiment de cruauté et d'injustice qui dérange, c'est même un peu dur et violent par moment, et limite moralement plombant, et en même temps, il y a quelque chose d'apaisant, de positif, d'éducatif qui ressort de ces récits, chaque histoire contribuant à réfléchir sur le sens de la vie, ce qu'on en fait... et j'ai trouvé qu'il y avait de très belles histoires de vie - touchantes en tout cas - dans ces tomes. Très étrange ces sensations mixtes tout au long de ma lecture...
En lisant tome après tome, on se demande l'issue de l'histoire (ce qui est plutôt une bonne chose
Ce que j'aime bien avec ce type de manga, c'est le fait que ce soit bien plus qu'un simple manga, qu'une simple histoire, et que l'auteur ouvre des horizons de réflexions sur des sujets qui le méritent, ici par exemple, sur le comportement humain face à des lois dictatoriales. Personne n'ose les remettre en cause par crainte de répression alors que la population en souffre. C'est une situation qui renvoie forcément à différentes réalités, passées ou présentes, où le bourrage de crâne dès l'école et les oeillères collectives finissent par imposer comme naturel une règle discutable mais appliquée au nom d'une cause dite noble, certains allant même s'égarer jusqu'à la trouver sincèrement admirable et honorable.
Et puis bien sûr, ce manga suscite des réflexions sur la mort également, celle qui nous concerne tous, nous lecteurs de l'autre côté du livre, celle qui peut arracher brutalement et sans prévenir des jeunes à leurs parents, l'injustice que cela peut représenter déjà quand c'est simplement la vie qui est ainsi, alors quand c'est l'Etat qui a le doigt sur la gâchette...