Finance Watch, "le Greenpeace de la finance", a franchi une nouvelle étape aujourd'hui. Une quarantaine d'organisations (ONG, syndicats, organisations de consommateurs...) étaient réunies à Bruxelles au Parlement européen pour discuter des missions, de l'organisation et du financement de ce nouveau contre-pouvoir à l'industrie bancaire et financière. Etant à l'origine de cette initiative je suis vraiment heureux de voir que les choses bougent finalement assez vite et que la structure devrait être opérationnelle concrètement au printemps pour commencer avant l'été son activité fondée sur trois pilliers : la contre expertise, la communication grand public, et le lobbying. Si vous voulez en savoir plus je vous renvoie vers les articles du Monde et La Tribune ci-dessous, ainsi que vers la chronique éco de ce matin sur France Inter. Et surtout si vous souhaitez soutenir cette initiative, vous pouvez aller sur le site http://www.finance-watch.org/ ! Amitiés, Pascal Canfin
A Bruxelles, des députés et des ONG veulent un contrepoids au lobby de la finance3 février 2011Le Monde
L'association Finance Watch est en cours de création pour apporter une contre-expertise
Pascal Canfin croise les doigts. L'eurodéputé Vert se bat depuis des mois pour la mise en place d'une sorte de " Greenpeace de la finance " : une association baptisée Finance Watch dont la mission serait de faire contrepoids au puissant travail de lobbying des géants du secteur auprès des institutions européennes. Les eurodéputés et les organisations non gouvernementales (ONG) qui soutiennent la genèse du projet devaient en discuter les modalités, jeudi 3 février, à Bruxelles lors d'une réunion au Parlement européen.
Cette nouvelle organisation devrait être lancée d'ici au 1er janvier 2012. " L'idée est de développer la contre-expertise, la communication et le lobbying pour ne pas laisser le champ libre aux seuls professionnels du secteur quand il s'agit de réguler leurs activités ", explique Pascal Canfin, dans son bureau du Parlement européen, à Bruxelles.
L'initiative est née d'un constat partagé par des élus de droite comme de gauche. " Le lobbying est totalement asymétrique sur les questions financières, déplore Jean-Paul Gauzès, un élu UMP spécialiste du secteur. Les seules qui se mobilisent sont les entreprises concernées. "
Cet ancien de la banque Dexia est le chef de file sur les questions financières de la principale formation de l'Hémicycle, le Parti populaire européen. Il se souvient du véritable siège de son bureau orchestré par les banques, les fonds et autres compagnies d'assurance lors de la récente adoption du texte encadrant, au niveau européen, les fonds spéculatifs (hedge funds). Une législation dont il était le rapporteur.
David contre Goliath ?
Depuis, M. Gauzès et un certain nombre de ses homologues ont décidé de parrainer temporairement la naissance de Finance Watch. Ils se sont même cotisés pour financer pendant quelques mois le recrutement d'un chef de projet, chargé de mettre sur pied l'association : Thierry Philipponnat. Cet ancien d'Amnesty International France a la particularité d'avoir travaillé pendant vingt ans dans le secteur, entre autres dans le domaine tant décrié des produits dérivés, chez UBS, BNP Paribas et Euronext. " L'idée est de créer une coalition aussi large que possible d'ONG, de syndicats, d'associations de consommateurs et de défense des investisseurs ", souligne M. Philipponnat.
Dès 2012, Finance Watch espère bénéficier d'un budget de 2 millions d'euros pour une équipe d'une dizaine de personnes, installée à Bruxelles. La moitié du financement pourrait être apportée par la Commission européenne, le commissaire chargé des services financiers, le Français Michel Barnier, se montrant lui aussi soucieux de diversifier la palette des interlocuteurs en contact avec ses services.
" Des discussions sont en cours, mais aucun accord n'est encore signé avec la Commission ", précise M. Philipponnat. De Transparency International à Attac, une cinquantaine d'ONG sont intéressées par le projet. Une bonne moitié pourrait mettre la main à la poche pour boucler le tour de table.
David contre Goliath ? Le combat sera, quoi qu'il arrive, déséquilibré. Les moyens déployés par les sociétés du secteur sont colossaux. A eux tous, les principaux groupes financiers du CAC 40 (BNP Paribas, Axa, le Crédit agricole et la Société générale) affirment consacrer à Bruxelles l'équivalent du budget espéré par Finance Watch, selon le registre des lobbyistes mis en place par la Commission.
D'autres utilisent les services de cabinets d'avocats et d'experts en affaires européennes grassement rémunérés. La City de Londres a même ouvert un bureau bruxellois dès 2004 afin de renforcer le dialogue avec les décideurs européens, qu'ils s'agissent d'élus, de fonctionnaires de la Commission, ou de représentants des Etats.
La profession a par ailleurs mis en place un Forum parlementaire, afin de diffuser ses idées au sein du Parlement européen. Parmi les entreprises à l'origine de cette initiative, on trouve de grands noms du secteur de la finance, de Goldman Sachs à Axa, en passant par la Société générale.
Philippe Ricard