L’officier de police Amadeus Warnebring est né dans une illustre famille de musiciens. Ironie du sort, il déteste la musique et souffre d'une étrange surdité. Sa vie bascule le jour où un groupe de musiciens déjantés décide d’exécuter une œuvre musicale apocalyptique en utilisant la ville comme instrument de musique …Il s’engage alors dans sa première enquête policière musicale...
Sound of noise est le premier long métrage réalisé par Ola Simonsson (graphiste) & Johannes Stjarne Nilsson (musicien), un duo déjà auteur de sept courts métrages et en particulier de Music for one apartment and six drummers (2001), dix minutes au cours desquelles une bande de batteurs fous fait irruption dans l'appartement vacant d'un couple de personnes âgées et improvisent avec les objets du quotidien (placard, robot-mixeur, verres, couverts, interrupteur, pantoufles, lampe de chevet, brosse à dents, chaussures...) un concert en quatre mouvements : Cuisine, Chambre, Salle de bains et Salon...
Ce court-métrage a été multirécompensé (sélectionné à Cannes, lauréat de nombreux prix à travers le monde et visionné neuf millions de fois sur Youtube). Impossible d’en rester là après un tel succès. Impossible aussi de faire identique.
Sound of Noise mobilise le même groupe des Six Drummers, la même équipe et les mêmes ressorts. Mais le concept est cette fois étendu à une ville entière que les percussionnistes sont résolus de libérer de sa pollution sonore, prétexte pour attaquer tous les systèmes : la santé, la banque, les travaux publics, l’économie. Tout fait office d’instruments de musique pour ces terroristes musicaux menés par une femme chef d’orchestre, Sanna Person, et lançant leurs attaques toujours à la frontière entre sonorité et musicalité.
La performance est poussée à l’extrême par rapport au court-métrage et le film suit un scénario oscillant entre l’intrigue policière et l’absurde.
Sound of noise a été tourné en dix semaines dans la région de Malmö en Suède. Par contre il n’a pas fallu moins d’un an d’enregistrements au groupe Six Drummers pour recueillir, loin des studios et à partir d’instruments issus de la vie quotidienne, les matériaux sonores qui ont ensuite été mixés avec des compositions de sonorité plus classique. Le film a été présenté en compétition officielle au Festival de Cannes pour la Caméra d'Or 2010.
Le film commence avec le court métrage tourné en 2001 où l’on voit les six amis investir clandestinement un appartement pour y jouer un morceau avec des instruments de cuisine, des appareils electro-ménagers et les portes des placards. Trois minutes plus tard ils remettent tout en ordre et poursuivent leur concert dans la salle de bains qu’ils quitteront en laissant davantage de désordre. Puis c’est la chambre où les dégâts sont encore plus importants, et enfin le salon qu’ils mettent quasiment à sac alors que les propriétaires les surprennent en pleine action. J’entendais un jeune spectateur murmurer à coté de moi que « si on faisait çà chez Papa il craquerait ». Voilà un film économe de paroles, ce qui renforce la perplexité du spectateur. Sont-ils fous ? Ont-ils de mauvaises intentions ou poursuivent-ils un objectif diabolique ? Les personnages semblent prendre leur rôle très au sérieux et nous nageons en pleine dérision. Pour ceux qui ne l'auraient pas vu je vous invite à commencer par ce morceau de bravoure :
Dans la seconde partie on retrouve les mêmes zygotos dont le comportement provoque un accident de la route à proximité d’une ambassade. Les autorités craignent un attentat et envoient sur place l’inspecteur Amadeus Warnebing, lequel est un fin limier allergique à la musique, estimant la ville polluée de musique.
Une succession de rencontres entre les délinquants musicaux et le policier composent une fable très originale, interrogeant sur la notion d’ordre social. Il faudra attendre la chute finale pour savoir si la musique parviendra à adoucir les tempéraments ou si c’est la violence qui triomphera. A moins que ce soit l’amour qui l’emporte.
Étonnant, surtout en version originale suédoise, ce film place la folie et la poésie sur la même longueur d’onde. On finit par vibrer sur la pulsation que les percussionnistes imposent.
Merci à Sandra de m'avoir poussée à découvrir le film. Il est encore programmé quelques jours au cinéma Jean-Vilar, 1 rue Paul-Signac, 94110 Arcueil - 01 41 24 25 50. Vous pourrez aussi y voir ensuite Pieds nus sur les limaces, un film dont je me suis fait un écho très positif ici.