André Malraux avait intitulé son hommage au Général de Gaulle, Ces chênes que l’on abat. Lorsque l’on entend François Baroin, on est bien obligé de constater que notre personnel politique comporte présentement surtout des glands. Cet éternel jeune homme, qui défendait l’autre jour notre Ministre des Affaires étrangères en vantant l’expertise de nos forces de l’ordre qui n’auraient jamais tué de manifestants, a récidivé après l’intervention de Michèle Alliot-Marie au Journal de 20 heures sur France 2, mercredi 2 février
François. Baroin a dit que MAM avait fait son mea culpa et déclaré que, si c’était à refaire, elle ne le ferait plus. Faire quoi ? Utiliser en Tunisie l’avion privé d’un homme d’affaires lié à Moubarak. Nous voilà une fois de plus revenus en enfance : « Pardon, M’man, j’le f’rai plus ! ». La sagesse populaire dit que faute avouée est à moitié pardonnée. M. Baroin en conclut donc que battre sa coulpe, au demeurant fort modérément, suffit pour être complètement absous. Depuis quand suffit-il de reconnaître sa faute pour être dégagé de toute responsabilité ? On va peut-être nous chanter bientôt la même chanson, à propos de Jacques Chirac.
Michèle Alliot-Marie est ministre sans discontinuer depuis 2002 et elle n’a toujours pas compris que la sphère privée d’un personnage public est des plus restreintes. On ne voit guère d’événement plus personnel qu’un mariage. Eh bien, lorsqu’un ministre (Eric Besson) ou un président de la République (Nicolas Sarkozy) parvient à faire célébrer son mariage en dehors des heures d’ouverture d’une mairie, il prouve à l’évidence qu’il n’est pas soumis à la loi commune et qu’il n’y a pour lui aucune frontière entre public et privé. MAM a déclaré mercredi soir qu’elle avait accepté cette invitation qui lui épargnait deux heures de trajet en voiture sur des routes sinueuses tout comme, lors des voyages de M. Aziz Miled dans le Sud-Ouest, elle le transportait dans son automobile. Je m’interroge sur ce possessif. Désigne-t-il un véhicule qu’elle aurait acquis de ses deniers ou n’est-ce pas plutôt une voiture mise à sa disposition par la République ?
Pour justifier ce voyage d’agrément entre Noël et Jour de l’An au moment où l’agitation se développait en Tunisie, elle prétend le contraire, affirmant que l’immolation de Mohamed Bouazizi était intervenue cette année. Erreur, elle a eu lieu à Sidi-Bouzid le 17 décembre. Cette ministre incompétente s’est précipitée à la télévision sans avoir pris le soin de préparer son dossier !
L’État assure à nos élus des revenus confortables pour les mettre à l’abri de la tentation. Peine perdue ! La plus élémentaire décence impose à un personnage public de ne pas accepter de cadeaux. Il est encore plus inconcevable qu’une ministre des Affaires étrangères en reçoive de personnalités étrangères. Il est vrai que, lorsqu’un président de la République se permet, à peine élu, de passer ses vacances aux États-Unis, à Wolfeboro, aux frais de milliardaires, il est difficile d’être plus sévère pour ses ministres. Le poisson pourrit toujours par la tête !