Pour son troisième passage derrière la caméra après Soldados de Salamina en 2003 et Revolución en 2010, Diego Luna a choisi de s’attaquer à un sujet sensible et difficile à traiter au cinéma, celui de l’absence et de ses conséquences psychologiques sur un individu, d’autant plus quand ce dernier est un enfant. Le célèbre acteur mexicain parvient à tirer son épingle du jeu en nous plongeant, dès les premières images du film, dans un univers onirique et poétique. L’image est soignée, les plans sont précis. L’atmosphère y est singulière. La musique, signée Julieta Venegas, autre célébrité au Mexique, participe à l’originalité du long-métrage.
Voir un petit garçon de neuf ans prendre le rôle du chef de famille alors qu’il souffre de problèmes psychologiques donne des situations aussi bien comiques que dramatiques que le réalisateur mexicain a su maîtriser pour trouver à chaque instant le juste équilibre. Abel est un film sensible à la fois émouvant et troublant parce qu’il interroge le spectateur sur le traumatisme provoqué par l’absence d’un parent et met la lumière sur un problème de société récurrent en Amérique centrale où des mères de famille se retrouvent souvent seules face à leur responsabilité parentale car leurs maris sont partis chercher du travail aux Etats-Unis. Illustration parfaite du complexe d’Œdipe, Abel est une vraie réussite cinématographique.
Sortie en salles le 12 janvier 2011