Cultiver la viande serait désormais possible

Publié le 03 février 2011 par Sequovia

Pour lutter contre les émissions de gaz à effet de serre générées par la production de viande au niveau mondial et pour prévenir les futures crises alimentaires, la viande cultivée artificiellement en laboratoire semblerait être une solution pour certains experts. Dans un petit laboratoire d’un bâtiment scientifique de l’Université Médicale de Caroline du Sud, Vladimir Mironov, Docteur en Médecine, travaille depuis près de dix ans pour cultiver de la viande.

  • Une initiative nutritionnelle

 Biologiste spécialisé dans le développement et ingénieur, le Dr. Mironov est l’un des rares scientifiques au monde à orienter ses recherches dans la bio-ingénierie de la viande « cultivée ». Selon lui, il s’agirait là d’une alternative à notre viande traditionnelle, qui pourrait aider à résoudre les futures crises alimentaires résultant de la diminution des quantités de terres disponibles pour élever du bétail.
La croissance de viande « in vitro » ou « cultivée » est également expérimentée aux Pays Bas, d’après ce qu’a indiqué le Dr. Mironov, mais aux Etats-Unis, c’est une science qui cherche encore des financements et une demande.  Le nouvel Institut National pour l’Alimentation et l’Agriculture ne financera pas ces recherches, de même que les Instituts Nationaux pour la Santé, tandis que la NASA pourrait n’en financer qu’une partie. « C’est une technologie perturbante classique » a indiqué le Dr. Mironov. « Apporter une nouvelle technologie sur le marché coûte en moyenne 1 milliard de dollars. Nous n’avons même pas 1 million de dollars ».

  • Une idée farfelue qui donne des hauts le coeur

Il est évident que le fait d’associer technologie et nourriture n’est pas ce qu’il y a de plus appétissant et surtout de rassurant quant au produit qui se trouve dans l’assiette. «  Il y a un facteur de dégoût lorsque les gens découvrent que de la viande est produite en laboratoire. » a indiqué Nicholas Genovese, un étudiant en biologie des cellules cancéreuses travaillant avec le laboratoire du Dr. Mironov.
 
L’argumentation de ce laboratoire d’expertise est de rappeler, qu’à ce jour, la majeure partie de notre alimentation, même si nous la considérons comme naturelle, est produite de manière similaire. Le yaourt en fait parti : il s’agit en réalité d’une levure mise en culture dans une usine de yaourts. La société a accepté ces produits qui se comptent par milliers aujourd’hui dans notre alimentation journalière. Alors pourquoi pas la viande « cultivée » que nous produirions dans une « vianderie », terme donné par le Dr. Mironov aux futures usines de production. D’après lui, cette viande pourrait être produite dans des bâtiments aussi grands que des terrains de football, remplis de bio-réacteurs!

  • L’éventualité d’une viande génétiquement modifiée

La manipulation pourra être poussée à l’extrême rendant possible la production sur mesure tant sur le plan gustatif que visuel. Pour le scientifique, « il s’agira de nourriture fonctionnelle, naturelle et conçue » qui permettra de répondre à tout type d’exigences du consommateur.
 
Il estime pouvoir réaliser ces manipulations sans l’aide de gènes. En revanche, il n’écarte pas la possibilité de les utiliser en expliquant qu’il n’est pas prouvé que l’ajout de gènes puisse influer sur la qualité des aliments. De même, qu’il ajoute que « la nourriture génétiquement modifiée est déjà une pratique normale et personne n’en meurt ».

  • Avis de Sequovia

Adieu veaux, vaches, cochons…bienvenue dans le royaume de la malbouffe ! Les cinéphiles avertis se rappelleront sans doute la fin du film Soleil Vert de Richard Fleisher qui donnait une vision apocalyptique de la planète en 2020 ; les humains se nourrissant de tablettes protéinées à base de chair humaine … D’autres se réfèreront  au film d’Erwin Wagenhofer, « We feed the World », qui dévoilait des chiffres alarmants au regard de l’industrie agraire mondiale et des dérives de la culture de masse.  On sait que l’agriculture dans le monde pourrait nourrir 12 milliards d’individus sans difficulté, notre problème étant la répartition et la gestion durable des cultures.
L’INRA et le CIRAD n’ont d’ailleurs aucunement mentionné ce type de pratiques dans les résultats de l’étude « Agrimonde ». Le développement durable s’affiche comme la solution qui permettra non seulement de protéger notre planète mais aussi de la nourrir convenablement. La technologie se doit d’être utilisée à bon escient et surtout d’être limitée dans le cas d’une utilisation dans la production de nos aliments afin de limiter les effets potentiellement dommageables pour nos organismes. Entre une bonne ration de lombrics, ou bon un bol de viande artificielle, il reste encore le choix de consommer de la viande et des fruits et légumes produits par nos agriculteurs, dans le respect de l’environnement bien sûr.