Mon papi

Publié le 03 février 2011 par Litterature_blog
Ah, ce Papi ! Heureusement qu’il est là. Quand je perds mon doudou ou mon livre préféré, c’est à lui que je peux confier mon chagrin. Le jour où j’ai fait percer mes oreilles, c’est lui qui m’a accompagné et a chanté une berceuse pour calmer ma douleur. Et quand ma première dent est tombée, il n’y a que lui qui a pu m’approcher et me rassurer. Papi, il vivait tout seul dans une grande maison avec son chien Biscotte. Mais il a dû déménager dans un endroit bien particulier où il y a plein de gens de son âge. Et là, c’est lui qui est devenu inconsolable, loin de sa maison et surtout de son chien. J’ai beau lui rendre visite tous les jours, impossible de le consoler, Papi ne sera plus jamais le même…
Y-a-t-il des albums de littérature jeunesse qui peuvent faire pleurer les enfants ? Si vous pensez que la réponse est non, lisez-donc celui-là et on en reparle après. En fait, la question à se poser concerne plus le sens de la démarche des auteurs. Le pire serait de tomber gratuitement dans le pathos le plus dégoulinant. Ici, il me semble que ce n’est pas le cas, même si on en n’est pas loin. Le but est plus de faire comprendre à l’enfant que rien n’est immuable, qu’avec le temps qui passe notre entourage et notre environnement le plus proche peut vite être bouleversé. Papi ne meurt pas mais sont état ne lui permet plus de rester chez lui. Cette situation est terrible, triste mais sans doute aussi inéluctable. C’est tout à la fois le problème de la dépendance et de la façon dont on traite la vieillesse dans nos pays occidentaux qui est abordé en filigrane.
Pour être honnête, si je trouve le texte touchant, je reste totalement hermétique face aux illustrations. Elles sont certes très évocatrices de la tendresse et de la douleur partagées par le grand père et sa petite fille mais je n’accroche pas du tout à ces collages où mouvements des personnages et proportions sont trop "biscornus". C’est un avis tout ce qu’il y a de plus personnel et je ne doute pas qu’il y ait des amateurs pour ce genre de traitement graphique si particulier.
On ne tombe pas tous les jours sur un album dont le l’histoire peut remuer grands et petits. Après, c’est une affaire de sensibilité. Je l’ai lu à ma fille de 5 ans qui va plusieurs fois par mois voir son arrière grand-mère à la maison de retraite. Sa première réflexion à la fin de la lecture a été de me dire : « Dis donc papa, qu’est-ce qu’ils pleurent les gens dans ton livre ».
J’aimerais beaucoup avoir d’autres avis concernant cet album. Malheureusement, il semble indisponible chez l’éditeur depuis quelques semaines. En attendant une éventuelle réimpression, espérons qu’il soit facilement trouvable en bibliothèque.
Mon papi, de David Bouchard et Josée Bisaillon, Les 400 coups, 2009. 32 pages. 13,90 euros. A partir de 5 ans.
L’info en plus : Mon papi fait partie de la sélection du prix Chronos 2011, catégorie maternelle. Ce prix, créé en 1996 par la Fondation Nationale de Gérontologie, propose aux participants de lire des ouvrages ayant pour thème les relations entre les générations, la transmission du savoir, le parcours de vie, la vieillesse et la mort. Plus d’infos sur le site du prix : http://www.prix-chronos.org/index.htm