Magazine Politique
Mardi 1er février, plusieurs millions d'Égyptiens ont manifesté dans tout le pays.
Ils crient haut et fort : À bas la dictature de Moubarak ! Ils veulent en finir avec des décennies d’humiliation, de tortures, de corruption, de pauvreté et d’injustice sociale.
La contestation ne fait que s’étendre depuis le 25 janvier. La répression sanglante, la censure, le couvre feu… loin d’empêcher les manifestations, les rendent à chaque fois plus nombreuses, renforcent la colère et la détermination.
La contestation est totale.
Elle unit jeunes des villes adeptes d’Internet, population pauvre, syndicalistes indépendants… Elle mêle revendications politiques, démocratiques et sociales, contre Moubarak lui-même et son projet de transmettre le pouvoir à son fils, mais aussi contre la misère imposée au nom d’un endettement qui ne profite qu’au dictateur et à ses proches. Depuis que Moubarak est devenu président en 1981, le peuple égyptien a remboursé l’équivalent de 68,5 milliards de dollars au titre de la dette externe. Pourtant, dans le même temps, elle n’a cessé d’augmenter, passant de 22 à 33 milliards de dollars.
La révolution en Tunisie a été un déclencheur, mais la révolte était dans l'air depuis longtemps. À partir de 2006, l’Egypte a connu la plus grande vague de grèves ouvrières de son histoire récente. Deux soulèvements populaires ont déjà eu lieu en 2008.
Aujourd’hui, des comités de résistance populaires se constituent pour faire face aux milices du régime et organiser l'approvisionnement de la population. Alors que le syndicat officiel lié au pouvoir soutient Moubarak, les syndicats indépendants issus de luttes passées se rassemblent et appellent à la grève.
Les manœuvres de Moubarak - changement de gouvernement, promesse de ne pas se présenter aux prochaines élections - n’abusent personne. C’est son départ qui est exigé !
La contagion de la révolution : le pire cauchemar des puissants de ce monde.
Le roi de Jordanie limoge son Premier ministre pour calmer la rue, sur les conseils des Etats-Unis qui paniquent et demandent à tous les régimes réactionnaires arabes secoués par des manifestations de changer le personnel politique trop détesté, pour qu’au fond rien ne change et surtout pas les intérêts de l’impérialisme.
Moubarak est l’allié de l’impérialisme américain, le complice de l'État sioniste dans le blocus de Gaza. Il est soutenu par l’État français qui poursuit sa politique de fournitures d'équipements et de formation pour les forces armées égyptiennes …
La révolution égyptienne a des ennemis puissants, elle a besoin de tout notre soutien.
La chute de la tyrannie en Égypte constituerait une défaite fracassante de l’impérialisme. Elle ouvrirait la voie à un raz-de-marée émancipateur dans tout le monde arabe, et au-delà.