Ca commence comme un album d'House Of Payne ou de Cypress Hill de la belle époque. Quelques "word up" de prononcés en guise d'entrée en matière (classique), puis des flows de "once again" pour signifier le retour en force du binome, le tout sur fond de sirènes électriques stridentes. A peine 1 minute plus tard on y est. Le désormais reconnu "No Diggedy" (les anciens savent de quoi je parle) ouvre le sillon d'un album "pièce maîtresse" aux accents sur-vitaminés qui fera longtemps parler de lui (que dire de "Real Hip Hop).
Hold It Down, le 3e album du groupe, sort en 1995 sur le mythique label Atlantic. Pour les puristes, le simple fait d'annoncer cette date suffirait à les rendre histériques (pour le moins rassurés). C'est l'âge d'or du hip hop, celui durant lequel les américains feront déferler dans le monde entier des disques OVNI surpassant toutes les autres productions mondiales. L'Amérique pose ainsi les galons d'un mouvement accepté à l'échelle internationale et apprécié par tous les âges, et parmi toutes les cultures. La rue s'arme comme elle peut pour revendiquer sa condition sociale. Le message est clair. L'étendard porte le nom de hip hop et parle si fort qu'il résonne partout.
N'en déplaise aux p'tits jeunes ignorants fans de Husher ou Lil Wayne, 95 était le temps de la reconnaissance et du débuts des gros succès repris avec force et hargne par tous les adolescents de banlieue (le "Slam" punk de Onyx résonne encore). Je peux aujourd'hui dire que je suis fier et heureux d'avoir été de ceux là; d'avoir suivi toute cette effervescence de suffisamment près, au point désormais de ne plus pouvoir faire sans elle. Nos parents avaient eu Bob Dylan, les Rolling Stones, Marvin Gaye ou Bob Marley dans les années 60, leurs enfants auront droit au mix de toute cette musique, Tribe Called Quest ,Wu Tang Clan, The Beastie Boys ou De La Soul en tête (fallait bien faire un choix). Du son brut qui reconnait ses pères en accaparant leurs traits sur des productions "roots" faites essentiellement de samples en tous genres, voilà ce qu'était le hip hop en ce temps là.
Ce disque est donc "un" parmi tant d'autres et porte la marque des grands (de ceux dont on se souvient encore et que l'on recommande chaudement). Le style Das EFX est unique, surtout dans le flow employé par les 2 comparses Skoob et Dre, rapide et très rythmé (ne pas se fier aux gros blunts en photos). Ajoutez à cela un remix de Pete Rock et des instrus typiques côte Est, quelques collaborations alléchantes (KRS-One, PMD), et vous obtiendrez du vrai Hip Hop pur jus.
Un disque qui réveillera les plus endormis d'entre nous.