Sous les apparences d’un biopic véreux, Le Discours d’un roi fait part d’un académisme efficace et s’impose avec deux acteurs vedettes. Pas mal du tout.
11 nominations aux Oscars, voilà ce qu’on peut lire à droite et à gauche sur le denier film de Tom Hooper. De quoi attirer les foules, du simple amateur au cinéphile avertis. La célèbre cérémonie se tiendra le 25 février et il ne serait pas étonnant de le voir s’emparer de quelques statuettes. Car même si le film risque de s’oublier vite, une ou deux récompenses ne seraient pas volées. On peut d’ores et déjà féliciter Geoffrey Rush et Colin Firth pour leurs prestations irréprochables. Le Discours d’un roi repose en partie sur leurs épaules, mais brille aussi de par ses décors et sa narration. On nous raconte l’histoire de George VI, un roi qui va hériter du trône mais devant régler ses problèmes d’élocution. Handicapé par le bégaiement, il doit trouver une solution avant de tenir le discours annonçant l’entrée en guerre de l’Angleterre contre l’Allemagne nazie. Un spécialiste australien, joué par Geoffrey Rush, lui vient en aide mais leurs relations ne seront pas toujours évidentes. Le Discours d’un roi est un biopic se consacrant à une période précise de la vie du roi, et c’est pas plus mal.
Le réalisateur peint une jolie fresque de la monarchie et de la noblesse, approche judicieusement le monde des privilèges. Particulièrement soignés, les décors illustrent avec perspicacité une classe sociale où l’abondance culmine. Vient s’ajouter une BO délicate, une photographie convenable et et des costumes propres à l’époque. Si le film est accueillit avec autant d’enthousiasme, c’est aussi grâce à son casting très costaud. Miss Carter, qu’on avait adoré dans Fight Club, s’en sort très bien dans son rôle secondaire. Rush est sans doute le meilleur, crédible comme jamais dans son costume de spécialiste. Le personnage principal est incarné par Colin Firth, signant par la même occasion l’une de ses plus grandes performances. D’autant plus que son jeu d’acteurs demandait une concentration immense pour reste crédible de A à Z. Il est très difficile d’interpréter le bégaiement, mais ici rien ne saute aux yeux. Tout n’est pourtant pas si grandiose, le film étant pénalisé par quelques baisses de rythme. Le Discours d’un roi ne s’élève finalement pas comme une œuvre majeure mais comme un bel objet d’art, malheureusement victime de son académisme trop scolaire. Aucune pierre à jeter cependant sur la mise en scène qui, bien qu’ultra classique, parvient quand même à nous impressionner. Des gros plans sur les lèvres pour immerger le spectateur dans le discours aux prises de vues traditionnelles, le réalisateur cerne son récit et le retranscrit avec classe. Pas sûr qu’il revienne à l’esprit en fin d’année à l’heure des classements, mais incontestablement un film à voir.
Le Discours d’un roi de Tom Hooper (U.S.A, UK, 1h58, 2010)