Plus j'y pense, plus je trouve que l'art contemporain a l'effet d'une drogue dure sur moi. Plus j'en consomme, plus je cherche les "high" pour retrouver LE feeling. Et ce feeling, je le réalise aujourd'hui : il est rare! Je parle du feeling que j'ai eu en me couchant au centre de la pièce immaculée du Forty-Part-Motet de Janet Cardiff ou en regardant Rain Spot Sweden de Pipilotti Rist...
Rain Spot Sweden, Pipilotti Rist
Ou encore le premier high que j'ai eu lorsque qu'avant même d'avoir commencer mes études du baccalauréat en histoire de l'art, en 2000, je parcourais les oeuvres de Nam June Paik à travers la spirale du Guggenheim Museum de l'architecte qui allait, par sa maison traversée d'une rivière, devenir l'un de mes favoris.
Entre les pattes de l'araignée de Louise Bourgeois, la présence du monde s'estompait un peu et dans les méandres des murs vertigineux de Robert Serra, dans le plus beau des musées designé par Frank Gehry, le monde cessait tout simplement d'exister.
Les oeuvres d'art contemporaines sont sans doute celles qui, au fil du temps, sont parvenues à me toucher le plus profondément. Mais j'oublie parfois qu'elles le font très très rarement. Après toutes ces années, il m'est étrange de dire que je peux presque compter sur mes doigts les expériences intenses que l'art contemporain m'a fait vivre.
Lorsque j'entre au musée ou dans une galerie, je suis toute là, toute dispo à recevoir. Je tente de ne pas rejeter ce qui, au premier abord, me semble tout à fait absurde parce que dépourvu de sensibilité. Mais plus souvent qu'autrement, ça l'est, absurde.
Le problème, avec ce genre de situation, est que le public se sent lui-même comme une "absurdité ambulante" qui parcourt l'espace d'une exposition.
Et pourtant, il n'en est rien!