Wittgenstein, qu'aiment à citer les “pragmatiques”, déclare :
“Quand nous pensons à l'avenir du monde, nous visons toujours le point où il en sera s'il continue à suivre le cours que nous le voyons suivre aujourd'hui ; nous ne prêtons pas attention au fait qu'il ne va pas en ligne droite, mais suit une courbe et que sa direction change constamment” [Remarques mêlées].
En termes pragmatiques, il s'agit donc de n'être sûr de rien et d'en tirer les conséquences pratiques :
“Le statut du futur est directement accordé, non pas à quelques téléologie, mais à la contingence aux termes de laquelle nos croyances présentes […] ne bénéficient d'aucune garantie qui permettrait de leur donner définitivement raison contre celles de demain. Inversement, les croyances qui voeint le jour à un moment donné contre celles qui ont généralement cours ne peuvent trouver une autre “garantie”, si elles doivent en trouver une, que celle des croyances et d'une reconnaissance à venir” [Jean-Pierre Cometti, Lire Rorty, le pragmatisme et ses conséquences].
Donc… ? S'en tenir à nos croyances du moment et s'évertuer de les faire largement partager :
“Il en résulte une sorte de “morale de la persuasion”, de la discussion, précisément tournée […] vers les chances futures des valeurs qui sont à nos yeux les meilleures” [id.].
Comprendre : diffuser les valeurs existantes les plus défendables parmi les mieux partagées, en l'occurence, celles des “démocraties libérales” :
“Pour Rorty, il s'agit du tribut qu'il nous reste à payer à la “mort de Dieu”“[id.]…
Bref : tout cela, au final, offre un bon exemple de ce que Marx appelait “l'idéologie”…